La Chancellerie d'Orléans (extrait)

ajouts postérieurs. Ainsi, les cariatides de la salle à manger ou la cheminée du grand salon, quoique représentées précisément sur un dessin de Chambers, n’ont pas été refaites, pas plus que les dorures des niches de la chambre à coucher ou les motifs des panneaux bas des portes-fenêtres du grand salon, connues seulement par des écrits. Lorsque des éléments postérieurs à 1772 subsistaient, leur conservation a été discutée : ainsi, les portes pleines qui ont remplacé en 1784 et 1794 les miroirs des murs mitoyens dans la chambre et la salle à manger ont été conservées, de même que la cloison de bois divisant l’antichambre et son décor peint en trompe- l’œil, d’une date indéterminée. En revanche, un encadrement et un départ d’escalier dans l’antichambre, ajoutés au début du "" e siècle, ont été supprimés et ont opportunément permis la restitution d’un miroir, présent à cet emplacement à l’origine, sur lequel s’adosse aujourd’hui la console retrouvée par Christian Baulez au musée Roybet-Fould. Au sol, la découverte en cours de chantier de la présence originelle de marbre dans l’antichambre et la salle à manger a conduit à restituer ce matériau dans ces deux pièces, selon un modèle inspiré à la fois de la description écrite de 1791 et d’un dallage conçu par De Wailly pour le palais Spinola. C’est par la lecture croisée des éléments du décor que nous sommes arrivés à argumenter les choix. Les doutes surgis dans le temps du chantier, du fait de sa lenteur (!) mais surtout de l’extrême professionnalisme des restaurateurs, Cinzia Pasquali, Chiara Di Marco, Roberto Merlo, Pierre Gilbert, notamment, ont été autant d’indices qui permettent aujourd’hui de proposer ce qui ferait l’identité du projet « De Wailly ». Deux éléments sont à prendre en compte : d’une part, le fait que Charles De Wailly intervient sur un décor déjà cohérent, celui de Bo:rand ; d’autre part, la question si brillamment développée par Guilhem Scherf lors de l’exposition Pajou , celle de la collaboration entre le sculpteur et l’architecte – et plus encore, la part d’invention de chaque artiste dans la genèse d’un décor, sujet que l’histoire de l’art a maintes fois traité, malencontreusement faussé par les ambitions d’attributionnisme qui favorisent le cloisonnement des disciplines. On ne peut parler d’un « projet De Wailly » sans chercher à comprendre ce que l’architecte a compris lui-même, donc respecté, de l’état antérieur,ou plutôt « des » états Bo:rand.La question peut- elle alors se réduire à la tentative de discerner d’une part un projet NeƩoyage et dégagement d’un trumeau de l’anƟchambre, 2014. © ColeƩe di MaƩeo NeƩoyage d’un lambris d’angle du grand salon, 2016. © ColeƩe di MaƩeo Le fantôme d’une console d’angle apparaît sur le moƟf en treillage de Germain Boīrand. 202

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz