La Chancellerie d'Orléans (extrait)

Voussure d’angle du plafond du grand salon, par Antoine Coypel, en cours de restauraƟon, 2014. © ColeƩe di MaƩeo princesse de Montauban, le comte d’Argenson puis son %ls Marc- René, marquis de Voyer. Les archives sont abondantes sur certains points, silencieuses sur d’autres, sans oublier les deux monographies de Gustave Sandoz et de Noël Francœur, alias Christian Guizelin, demeurée une référence par son exhaustivité 1 . Il faut garder à l’esprit que l’état « Bo:rand » a subi des transformations et que l’état De Wailly a lui-même été modi%é dès le temps du chantier – le marquis de Voyer, homme de grand goût, fastueux et richissime, était en e:et architecte amateur. Par ailleurs, à partir de la %n du "#$$$ e siècle, après sa mise en location puis sa vente, l’hôtel, sa distribution et ses décors sont encore transformés. La révélation toute récente de dessins qui semblent bien être des croquis de chantier montre à quel point, en termes de méthodologie, ce sont les changements de parti en cours d’exécution qui donnent toute leur valeur aux doutes auxquels les restaurateurs sont confrontés. Comme tout décor historique, il s’agit en e:et d’un feuilletage d’états successifs, d’authenticités superposées… L’état que notre restauration a décidé de transmettre est l’état « De Wailly achevé » (les travaux sont terminés en 1772), que l’on pourrait appeler « Louis XVI » – même si le décor change dès 1784, après le retour de l’hôtel aux Orléans.Toutefois, ce parti a été tempéré dans sa mise en œuvre, et le conseil scienti%que n’a souhaité ni restituer tous les éléments disparus de cette période de référence, ni e:acer tous les e chantier de « restitution»,dans lesmultiples acceptionsdu terme, des décors de la Chancellerie d’Orléans a constitué une occasion unique de relire ce décor, si documenté, sous l’angle d’une révision critique de sa matérialité – de ses matérialités superposées. Dans ce contexte, tenter de situer « le » projet De Wailly est d’abord un exercice de méthode pour l’étude qui sous-tend et argumente les options d’un projet.Mais c’est aussi s’e:orcer de mieux saisir les rôles et les di:érentes sensibilités dans la genèse comme dans les restaurations antérieures de l’ensemble. Déposé en 1923, le décor de l’hôtel de Voyer avait subi déjà bien des altérations. L’examen de l’état matériel des éléments disjoints a permis de mieux cerner les doutes, les hésitations dans les options, les limites imposées par les procédés techniques confrontés aux aspirations d’un style marqué par le foisonnement des variations du goût. Pour l’époque Louis XVI, ces variations, on le sait, vont de pair avec les mutations de la société et se traduisent aussi, ce qui est révélateur, par les incertitudes de la terminologie. Le chantier de restauration préalable au remontage des décors à l’hôtel de Rohan- Strasbourg représente un pas important que Bruno Pons n’aurait pas manqué de nous aider à franchir. Suivre la chronologie de la construction de l’hôtel de Voyer, celui de Bo:rand dès 1703, avec une seconde campagne vers 1720, jusqu’au projet De Wailly entre 1762 et 1770, pourrait consister à cerner le goût des principaux commanditaires, le duc d’Orléans, la C harles De Wailly et l’hôtel de Voyer : réflexions sur un chanƟer Colette &) M!((*$-L!+,!%&* Reassembling the Chancellerie d’Orléans was a parƟcularly instrucƟve case study. Comparing the archives and the decoraƟve features and closely analysing their history made it possible to determine the principles for restoraƟon and to choose a benchmark state, in this case, the state of the decor at the end of Charles De Wailly’s work in 1772. L 201

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