La Chancellerie d'Orléans (extrait)

Sans oublier celui d’Hubert Robert avec ses identités de peintre et de créateur de jardins. Les dispositions de l’état « De Wailly » de l’hôtel et de ses décors illustrent avant tout un respect de l’œuvre de Bo:rand. On le constate dans le grand salon avec la conservation des lambris de toute hauteur comme avec le gommage, simple, des motifs rocaille – dont le fantôme est apparu lors de la restauration et avec l’adaptation de leur partie haute pour laisser la place aux médaillons et trophée. Le cas du grand salon concentre tous les aspects de notre sujet. C’est dans cette pièce que le génie de DeWailly semble s’être illustré,en conservant le plafond deCoypel et la disposition de Bo:rand. De Wailly complète les décors de son prédécesseur par de nouveaux stucs, la remise en peinture d’architecte de la Régence, d’autre part celui d’un autre architecte de l’époque Louis XVI ? La repose des décors de la Chancellerie d’Orléans se fait à proximité immédiate d’une des compositions de Bo:rand les plus intactes, celle de l’hôtel de Soubise pour le prince Mériadec de Rohan-Soubise (1738). Les compositions de Boucher et de Carle van Loo dans les salons de cet hôtel soulignent la singularité du grand plafond de l’hôtel de Voyer à la même époque. La composition d’Antoine Coypel à l’hôtel de Voyer semble avant tout servir l’unité de la composition architecturale, avec le trompe-l’œil ouvrant sur le ciel, la mise en scène du décor historié présenté dans son encadrement d’une modénature feinte, celle de la balustrade si prégnante – trompe-l’œil peint, donc intouché, comme les bandeaux de faux marbres, les dorures, les tonalités générales des ciels…En revanche, pour l’état Louis XVI, c’est par les hésitations dans l’interprétation de signes parfois contradictoires que s’est précisée la connaissance de l’état des décors.Ils apparaissent avant tout conçus comme un ensemble d’éléments « en œuvre », harmonisés dans les choix de couleurs et l’association de tous les matériaux feints et colorés de la voussure. De même dans l’antichambre, le contraste entre le parti monochrome du décor minéral feint et les couleurs fortes de la console à sphinge pourrait apparaître comme une sorte de contradiction esthétique. En réalité, ces observations remettent en question toutes les certitudes sur les harmonisations « décoratives » qu’auraient subi les décors par la suite. L’état « Louis XVI » est connu par des références écrites et %gurées ; les dessins de William Chambers et les descriptions de =iéry demeurent les sources majeures. Au cours du chantier, les réponses que cette documentation a permis d’apporter à nos interrogations ont révélé la %abilité des dessins du premier. Par la confrontation des documents avec les observations des restaurateurs, presque toutes les questions ont trouvé une réponse, et apparaissent , a posteriori , comme autant d’indices sur l’esprit du projet – sinon « le » projet de De Wailly puisque le carnet de dessins relatifs à la Chancellerie n’a toujours pas été retrouvé, du moins celui de l’architecte associé au sculpteur puisqu’ils sont indissociables. Architecte et sculpteur le sont ici comme Lhuillier et Bélanger à Maisons, Julien et =evenin à Rambouillet, Pajou et Mique à Versailles, Clodion et Brongniart à l’hôtel de Bourbon- Condé, mais là, ce seraient encore les pro%ls de Bélanger, de Ledoux, de Louis-Adrien Pâris qu’il faudrait chercher à cerner… Voussure d’angle de la salle à manger : restauraƟon de la dorure à l’eau d’origine, 2012. © ColeƩe di MaƩeo 203

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