Extrait Sport & Vie

n o 187 14 des Jeux. Connaissant l’immense prestige que confère une participa- tion olympique et les efforts qu’elle exige, on imagine mal, vu de loin, qui serait assez courageux pour poser un tel geste. Si on l’imagine mal, c’est aussi car on méconnaît la situation que souhaite dénoncer Win Htet Oo, nageur originaire du Myanmar (l’an- cienne Birmanie, voir encadré), origi- nellement qualifié pour concourir en 50 mètres nage libre. Car lui a bel et bien déclaré forfait fin avril, tellement l’écœure la perspective de défiler sous son dra- peau national. «Participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux comme si de rien n’était donnerait au monde entier l’impression que tout va bien au Myanmar, ce qui reviendrait à me prêter à un exercice de propagande. C’est hors de question.» Formulée fin mars, juste après qu’il eut rempli P as de genou à terre ou de poing levé! Le 21 avril dernier, le Comité inter- national olympique (CIO) faisait savoir qu’il ne chan- gerait rien à la règle 50 de sa charte, dont le deuxième alinéa impose qu’ «aucune sorte de manifes- tation ou de propagande politiques, religieuses ou raciales ne sont auto- risées dans les stades, sites et autres zones olympiques» . Tommie Smith et John Carlos n’auront pas d’héritiers, du moins sur un podium olympique où leur geste leur vaudrait, en 2021 comme en 1968, une sanction pou- vant aller jusqu’à l’exclusion pure et simple. De qui se MOC-t-on? Devant l’impossibilité d’utiliser les Jeux comme un porte-voix pour défendre une cause, les athlètes n’ont plus que deux choix: se taire ou décla- rer forfait et le faire savoir, façon futée de militer en se servant tout de même les minima pour Tokyo, sa demande désespérée de défiler sous drapeau neutre avec les réfugiés et apatrides a été rejetée par le CIO, Win Htet Oo étant officiellement affilié au Comité olympique du Myanmar (MOC). Il restait donc à ce jeune homme de 26 ans la possibilité de se retirer des Jeux afin d’attirer l’attention sur le coup d’Etat militaire et la répression dont ses concitoyens sont victimes depuis le 1 er février. B R È V E DU MONDE Sacrifice olympique En sport, on fait parler de soi et de son pays en remportant des victoires. Win Htet Oo, Birman de nationalité, n’avait pas envie qu’on dise du bien de son pays, alors il a déclaré forfait pour les Jeux. Et fait ainsi beaucoup de bruit.

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