Extrait Sport & Vie

Entraîneurs malgré eux O Le sport sur ordonnance: on entend beaucoup parler de cette chose-là. Seulement, peu de malades savent de quoi il retourne. Même les médecins restent le plus souvent dans le vague. Le principe, on le comprend. Le sport exerce vis-à-vis d’un grand nombre de maladies des bienfaits à l’égal des médicaments. Un exemple? Dans le cas d’un cancer du sein ou du côlon, une activité physique régulière diminue le risque de récidive de 30 à 50%. Certes, tous les détails de cette influence bénéfique n’ont pas encore été mis en lumière. Il semble cependant que le sport renforce le système immunitaire et, aux stades les plus avancés de la maladie, il favoriserait aussi la mise en place d’une compétition énergétique entre la tumeur et le muscle. Chez des personnes sédentaires, celle-ci verrait la victoire de la tumeur qui détournerait vers elle toutes les forces de l’orga- nisme, tandis que le muscle s’atrophierait, faute d’oxygène et de nutriments. Il s’ensuit une fatigue extrême, une perte d’autonomie, des chutes… Les patients finissent par mourir de faiblesse. Mais on peut aussi inverser la tendance et, grâce au sport, asphyxier la tumeur en détournant toute l’énergie du corps vers les muscles en action. Bref, le sport est un outil thérapeutique efficace. Il paraît donc assez logique que des médecins préconisent sa pratique, quitte à faire rembourser certains frais au patient par les services de sécurité sociale. En France, une cinquantaine de villes ont déjà mené une opération de ce type: Strasbourg, Biarritz, Chambéry ou encore Villeurbanne. Le 1 er mars 2017, un décret officiel étendait cette mesure à l’ensemble du territoire. Désormais, un médecin peut prescrire des séances sportives. Exactement comme il le ferait pour unmédicament. Pour cela, il faut seulement que le patient soit atteint d’une affection dite de longue durée (ALD) et qu’il soit pris en charge par un spécialiste de l’ac- tivité physique adaptée (APA) (*). Sur papier, tout est OK! Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. En l’occurrence, il n’est pas sûr du tout que les injonctions du médecin soient une source de motiva- tion suffisante pour assurer le succès de l’entreprise à long terme. On connaît bien cette situation dans les services de réadaptation cardiaque après un infarctus. On dit au patient de rester actif et, pendant les six premiers mois qui suivent l’accident, c’est effecti- vement le cas. Il suit scrupuleusement son programme d’activité et cela se traduit par une nette amélioration de son état de santé. Ensuite, il se lasse. Après un an ou deux, il a complètement renoué avec les habitudes à l’origine de la première alerte: stress, tabac, excès de nourriture. C’est le premier écueil qui se dresse sur la route du «sport sur ordonnance». Le deuxième est plus pernicieux. Il implique de faire la différence entre la sédentarité et un faible niveau d’activité physique: deux notions qu’on utilise souvent comme synonymes alors qu’elles recouvrent des réalités diffé- rentes. La sédentarité se définit comme une situation d’éveil mais avec une dépense énergétique proche de celle du sommeil. On ne dépasse pas le strict minimum pour assurer la bonne marche des fonctions vitales: cœur, respiration, digestion. C’est tout. MASH Rubrique réalisée par le docteur Christian Daulouède et François Borel-Hänni n o 170 28 Les nouvelles seringues, les nouvelles pilules! La paresse n’a pas de limite!

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