Extrait Sport & Vie

L’activité physique, elle, commence dès qu’on se met en mouve- ment. Le moindre geste compte. Même se lever de son fauteuil pour aller prendre une bière dans le frigo. Bien sûr, cette activité physique varie énormément selon les personnes. Parfois, elle n’at- teint que quelques centaines de calories par semaine. Parfois elle dépasse les 8000 calories par jour comme pour les coureurs du Tour de France à l’issue d’une étape de montagne. Entre ces deux extrêmes, tout diffère, sauf une chose: lorsqu’on introduit une nou- velle activité dans le cours de sa vie, toutes les autres se trouvent aussitôt impactées. Cela explique par exemple que la dépense énergétique moyenne n’est pas très différente chez des personnes qui courent une demi-heure par jour par rapport à celles qui courent une heure par jour. Explication? Après enquête, il apparaît que l’ef- fort important que constitue une heure de course ininterrompue épuise le sujet qui, du coup, se met en pause le reste de la journée; alors que ceux qui courent une demi-heure gardent suffisamment de dynamisme pour entreprendre d’autres tâches, ce qui suffit en définitive pour compenser le déficit calorique. Dans le cadre d’un sport sur ordonnance, on peut craindre l’instauration d’une adap- tation de ce type. Le patient mettrait en veilleuse certaines habitu- des au profit d’autres selon les recommandations du médecin. On arriverait alors à des absurdités où il serait tenté de remplacer son heure de balade quotidienne pour se rendre en voiture dans une salle de sport loin de chez lui et marcher sur un tapis de course ou rouler sur un vélo fixe, tout cela pour un bénéfice nul en matière de dépense calorique. Le sport sur ordonnance risque d’encourager cette transformation sociale, sauf bien sûr si les médecins trouvent les mots justes pour motiver la personne à augmenter son niveau d’activité physique sans se focaliser sur le sport. Mais cette capacité de persuasion n’est pas donnée à tout le monde. Et les profession- nels de santé ne sont pas aidés par une formation où ces questions ne sont jamais abordées. C’est bien simple. Un médecin peut termi- ner ses années d’université sans avoir rencontré une seule fois le mot «sport» dans ses cours. Reste enfin la question financière. Dans l’état actuel de la loi, la prescription du médecin n’est pas prise en charge par la caisse d’assurance maladie. Chacun doit alors se débrouiller selon ses moyens et les offres de sa mutuelle, ce qui pose problème dans une société qui se targue d’offrir les mêmes services à tous les citoyens. Bref cette loi, qui partait sûrement d’ex- cellentes intentions, n’atteint pas son but pour le moment. Sans doute parce qu’elle sous-estime la part de pusillanimité si spécifi- quement humaine. Dans ses Essais , Montaigne traitait précisément du rapport entre l’activité physique et la santé. Il écrivait ceci: «ils se prenaient pour des anges, ils n’étaient que des hommes». Et les hommes, c’est compliqué. Dr. CD (*) L’activité physique adaptée ou APA est l’objet d’une formation prodiguée en filière STAPS (trois ans pour une licence, cinq pour un master). n o 170 29 La vaillance non plus! La Néerlandaise Susan Krumins termine deuxième du 10.000 mètres de championnats d’Europe 2018. Complètement cramée! Romain Bardet enchaîne les 8000!

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz