Extrait L'Objet d'Art

6 L’OBJET D’ART | Modernités suisses Peut-on dire que l’on assiste depuis quelques décennies à un mouvement de redécouverte de la peinture de Cuno Amiet et de ses confrères ? P. M. : Oui, tout à fait. Les musées, suisses en particulier, multiplient les ex- positions sur les peintres de cette généra- tion. On observe parallèlement un essor du marché de l’art. Dès l’origine, ce sont avant tout des collectionneurs privés qui se sont intéressés à ces artistes. Ils ont pour certains légué des œuvres aux institutions ou les ont incitées à acquérir des tableaux. Aujourd’hui, je pense que la moitié des œuvres de cette période sont dans des collections particulières. On peut évoquer l’artiste Martha Stettler dont nous présentons une toile (voir p. 57). Elle a tissé des liens étroits avec Paris et a notamment cofondé l’acadé- mie de la Grande Chaumière puis elle a été complètement oubliée. La majorité de son œuvre est conservée en mains privées. Pourtant, elle fait actuellement l’objet d’une redécouverte en Suisse, elle est notamment présentée au mu- sée de Saint-Gall dans le cadre d’une exposition qui réunit une quinzaine de peintres femmes. En tant que spécialistes de l’art suisse, considérez-vous qu'il existe un art spécifiquement suisse ? P. M. : C’est une question complexe ! La culture suisse est très hétérogène en fonc- tion des régions, des cantons. Il y a quatre langues principales et de nombreux dia- lectes. Dans le seul canton des Grisons, on parle trois langues. Je pense qu’en ce qui concerne le style et même les sujets, il est délicat de définir un art suisse. Après la création de la Confédération suisse, en 1848, il s’est d’ailleurs avéré difficile de trouver une iconographie spécifique. On a estimé que le paysage était un sujet Félix Vallotton, Coucher du soleil, ciel orange , 1910 Huile sur toile, 54 x 73 cm. Winterthour, Kunstmuseum Photo service de presse © SIK ISEA, Zürich ENTRETIEN AVEC LES COMMISSAIRES

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