Extrait L'Objet d'Art

L’OBJET D’ART | Modernités suisses 7 propre au pays, les Alpes sont un symbole pour tous les Suisses. Mais les artistes ont été contraints de voyager pour se former. Ils ont choisi d’abord l’Allemagne (Munich, Düsseldorf) puis ils se sont aussi tournés vers Paris. Chacun a ensuite mis au point un langage personnel qui n’a rien de « suisse ». Il est fascinant de voir à quel point ces artistes voyagent. S. P. : Orsay a présenté en 1993 une exposition intitulée « 1893 : l’Europe des peintres ». À la fin du XIX e siècle les artistes voyagent beaucoup. C’est d’autant plus le cas des Suisses qu’ils ne bénéficient pas d’un système des Beaux-Arts très structuré. S’ils choisissent volontiers Paris, c’est avant tout parce que les peintres qui ont du succès en Europe sont souvent français. Cuno Amiet n’y va pas pour Claude Monet mais plutôt pour Jules Bastien-Lepage, puis il découvre une fois sur place l’art des avant-gardes. De retour dans leur pays, il est bon pour ces peintres d’avoir l’onction des grandes capitales culturelles, de s’être d’abord fait un nom à Paris, Vienne ou Berlin. Je suis très frappée par le contraste entre des sujets parfois délibérément régionaux, le choix de certains artistes de s’installer dans des villages de montagne, à l’écart du monde moderne, et l’écho internatio- nal, à l’époque, de leur carrière et de leurs œuvres. Ils sont donc célèbres en leur temps à l’étranger ? P. M. : Les Suisses ont noué des liens avec les groupes d’avant-garde, Gustav Klimt connaît l’œuvre de Hodler, le groupe Die Brücke à Dresde a invité Cuno Amiet à devenir membre. La revue allemande Die Rheinlande revendique même à cette époque l’appartenance de Hodler et Buri à la grande école allemande de peinture. En France, en revanche, ils ont été rares à se faire un nom, hormis Vallotton qui était pleinement implanté à Paris. Cuno Amiet, Paysage de neige , dit aussi Grand hiver, 1904 Huile sur toile, 178,5 x 236,2 cm. Paris, musée d’Orsay Photo service de presse / RMN (musée d’Orsay) – H. Lewandowski © Artists Rights, D. Thalmann, Aarau, Switzerland “ Si les artistes suisses choisissent volontiers de séjourner à Paris, c’est avant tout parce que les peintres qui ont du succès en Europe sont souvent français. ”

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