Extrait L'Objet d'Art

L’OBJET D’ART | Modernités suisses 5 ENTRETIEN AVEC LES COMMISSAIRES La peinture suisse du tournant du XX e  siècle est à l’honneur au musée d’Orsay. Si les noms de Ferdinand Hodler et Félix Vallotton nous sont familliers, la plupart des artistes ici réunis sont fort peu connus en France, citons Cuno Amiet, Giovanni et Augusto Giacometti ou encore Ernest Biéler. Les musées d’Orsay et de l’Orangerie font régulièrement des incursions hors de nos frontières. Pourquoi avez-vous choisi de consacrer une exposition aux peintres suisses ? S. P. : Ce choix s’inscrit dans une politique à long terme qui remonte à la préfiguration même du musée d’Orsay. Nous souhaitons aller au-delà de l’art français qui constitue le cœur des collections en accordant une meilleure visibilité aux scènes artistiques européenne et nord-américaine principalement, par le biais de notre politique d’acquisition et de notre programme d’expositions. Nous avons déjà consacré quelques rétrospectives à des artistes suisses im- portants comme Arnold Böcklin (2001), Ferdinand Hodler (2007) et Félix Vallotton (2013 au Grand Palais) dont on a presque oublié qu’il était suisse. Pour ma part, c’est au cours de la prépa- ration de l’exposition Hodler de 2007, alors que je me rendais régulièrement en Suisse, qu’est né le projet de cette expo- sition : j’ai été frappée par la richesse et la beauté des œuvres d’artistes singuliers et très méconnus en dehors de leur pays. J’espère donc que cette exposition sera une vraie découverte pour le public, la plupart des œuvres n’ont jamais été montrées en France. L’exposition présente plusieurs œuvres appartenant au musée d’Orsay. Quelle est la place des artistes suisses dans les collections ? S. P. : Nous avons acquis récemment deux portraits par Ferdinand Hodler, qui ont rejoint des tableaux majeurs de Cuno Amiet et de Giovanni Giacometti. Et nous comptons continuer à développer la collection en introduisant notamment de nouveaux artistes. Cette présence des artistes suisses est une spécificité du musée. Exception faite de Vallotton, les peintres de cette génération ne sont pas présents dans les autres musées français. C’est en Suisse bien sûr que ces artistes sont le mieux représentés : les musées suisses possèdent des collections inégalables qu’ils continuent d’enrichir. P. M. : Hodler, par exemple, a été col- lectionné par des musées allemands car il était très connu dans ce pays au début du XX e siècle ; mais en France, seul le musée d’Orsay possède des œuvres de lui. Des artistes comme Cuno Amiet et Giovanni Giacometti ont exposé à la galerie Thannhauser à Munich au début du XX e siècle, mais ils ont ensuite été oubliés. © M u s é e d ’ O r s a y – S . C r é p y © P e p S h o t Z ü r i c h Entretien avec Sylvie PATRY, directrice de la Conservation et des Collections du musée d’Orsay et Paul MÜLLER, historien de l’art, commissaires de l’exposition. Propos recueillis par Myriam Escard-Bugat Max Buri, La Sieste , 1907-10 Huile sur toile, 92 x 134 cm. Soleure, Kunstmuseum, dépôt de la Fondation Gottfried Keller. Photo service de presse © SIK-ISEA, Zürich – M. Stollenwerk

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