Extrait L'Objet d'Art

agence France-Muséums (le Louvre à hauteur de 30 %), créée en juillet suivant, dont Laurence des Cars prend au pied levé et de main de maître la direction scientifique. De la conception à la gestion du musée, l’agence a un rôle de conseil scientifique auprès des Émiriens et est en charge des expositions, des prêts, etc. pendant toute la durée du traité : trente ans. La politique de prêts porte sur dix ans ; de 300 œuvres prêtées aujourd’hui, elle passera à 200, puis 100... Aux musées actionnaires, se sont ajoutés cinq autres mu- sées prêteurs, devenus partenaires de l’agence : le châ- teau de Fontainebleau, la Cité de la céramique – Sèvres et Limoges, le musée de Cluny, le musée des Arts dé- coratifs de Paris et lemusée d’Archéologie nationale de Saint-Germain en Laye. PLUIE DE LUMIÈRE ET PLUIE D’OR À l’image de la cascade de lumière filtrée par le dôme de JeanNouvel, les retombées financières du traité, né- gocié pour le Louvre par Didier Selles, alors administra- teurgénéraldumusée,sontinouïes:unmilliard.L’agence France-Muséums, en échange de son expertise et de sa mission de conseil, bénéficie de 165 M € , dont une grande partie est re- versée aux musées par- ticipants. Ces derniers reçoivent 190 M € pour les prêts d’œuvres et 195 M € pour l’organisation de trois expositions par an pendant quinze ans – les frais d’assurance et de transport restant à la charge des Émirats. Mais c’est le Louvre, qui a dé- posé samarque en 2001, qui est le grand gagnant du traité. Il percevra en tout 700 M € , dont 400 millions pour sa seule communication institu- tionnelle, avec un intéres- sement sur toutes les uti- lisations commercialesde sonnom. Au lendemainde la signature de l’accord, début avril 2007, 175 mil- lions lui sont déjà versés. Grâce à cette somme, il devient en 2009 le pre- mier musée français à créer un fonds de dota- tion (sur le modèle des endowment funds améri- cains, permis par la loi de modernisation de l’économie en 2008) où il verse 120 M € . Il se protège ainsi du contrecoup éventuel de cettemanne – la baisse de ses subventions par le ministère du Budget – et s’assure un financement pérenne avec les produits financiers de ce capital régulièrement augmenté par l’exploitation de sa marque par Abu Dhabi et les dons de mécènes 1 . Aujourd’hui la valeur du fonds de dotation du Louvre a dépassé les 180 M € . CERGY-PONTOISE, LA DANAÉ ABANDONNÉE L’autre conséquence de la manne pour le vaisseau amiral des musées français aurait dû être la création à Cergy-Pontoise d’un vaste centre de recherche et de restauration, équivalent du Getty Research and Conser- vation Center, regroupant les réserves inondables des musées parisiens des bords de Seine, les locaux du C2RMF et les ateliers de restauration du pavillon de Flore au Louvre. Chacun des musées concernés aurait contribué au projet grâce aux recettes d’Abu Dhabi, le Louvre finançant en outre le déménagement du C2RMF et des ateliers du pavillon de Flore. Ces derniers, ou- verts au public grâce aumécénat additionnel de 25M € Jacques-Louis David (1748- 1825), Bonaparte , Premier consul , franchissant le Grand- Saint-Bernard , 1803. Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © RMN-Grand Palais (château de Versailles) / Thomas Garnier 52 L’OBJET D’ART DÉCEMBRE 2017 Le Louvre sorti des EAU

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