Extrait L'Objet d'Art

Vous êtes une des rares femmes à diriger un grand établissement muséal à Paris, avec Sophie Makariou au musée Guimet. Est-ce difficile en 2017 pour une femme d’obtenir des postes à très hautes responsabilités dans le domaine de l’art ? Avec Sophie Makariou, nous partageons la particularité d’être deux conservatrices à la tête d’établissements – d’autres femmes comme Sylvie Hubac ou Catherine Pégard sont également présidentes avec des profils différents. C’est une question que, jeune conservatrice, je n’ai jamais eu à me poser, mais il est vrai qu’à un cer- tain niveau de responsabilités, cela devient plus compli- qué. Je suis la deuxième femme à diriger Orsay après Françoise Cachin. Je crois qu’on est toujours dans l’idée qu’une femme doit prouver qu’elle est totalement légi- time. Il y a trente ans, Françoise Cachin, Suzanne Pagé, Irène Bizot occupaient des postes très importants dans lesmusées français ; cela se fait, mais dans la disconti- nuité. J’ai eu le plaisir de nommer deux femmes depuis mon arrivée, Cécile Debray à la direction de l’Orangerie et Sylvie Patry à la direction des collections et de la conservation d’Orsay. Je les ai choisies non pas parce que ce sont des femmes mais parce qu’elles sont les meilleures pour ces postes importants. Jeme réjouis de ce trio féminin, qui a force de symbole dans le paysage des musées français. LES ENJEUX Un nouvel accrochage des collections, un grand centre de do- cumentation scientifique, un réaménagement de l’Orangerie… Laurence des Cars, présidente de l’établissement public d’Orsay et de l’Orangerie, qui a nommé deux femmes à ses côtés aux postes les plus importants, s’apprête à tourner une page nou- velle des deux institutions. Pour L’Objet d’Art , elle explique sa conception d’un grand musée du XXI e siècle. Deux points sont frappants dans votre parcours : le nombre d’expositions organisées avec des musées américains et votre passage par le Louvre Abu Dhabi. Que vous-ont apporté ces deux expériences dans vos fonctions actuelles ? Je suis très attachée à cette collaboration avec les mu- sées américains initiée à Orsay par Françoise Cachin. La plupart d’entre eux sont privés, leur fonctionnement est donc différent de celui des musées français ; il y a de bons et demauvais côtés dans les deux cas. La ques- tion de l’ education est très prégnante dans lesmusées / Propos recueillis par Jeanne Faton et Nathalie d’Alincourt DUMUSÉE D’ORSAY ENTRETIEN AVEC LAURENCE DES CARS À gauche : Le panorama depuis la nef du musée d’Orsay. ©musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais – Sophie Crepy-Boegly La galerie impressionniste dévoile notamment les chefs- d’œuvre de Monet. ©musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais – Sophie Crepy-Boegly 37 DÉCEMBRE 2017 L’OBJET D’ART MUSÉE

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