Extrait du livre : La peinture religieuse en France

Cet angle de vue a pourtant été tenté plus tard pour l’art pictural du XVII e siècle français 21 ; mais ce siècle-là est réputé « mystique 22 » et ne pâtit pas des préjugés attachés à celui qui le suit. Cette historiographie explique en grande partie l’orientation des essais plus récents 23 . Ces derniers ne nient plus, comme pouvaient encore le faire Jean Locquin ou Pierre Marcel, la vitalité de la peinture religieuse, démontrée depuis par de nombreuses expositions et études ponctuelles 24 ; mais ils multiplient les angles de vue qui définissent et expliquent la perte de la sacralité de la peinture religieuse des Lumières. Dans la littérature érudite ou moins érudite, cette dernière est finalement devenue un symptôme de la « déprise religieuse » du siècle ou même de la « déchristianisation », lorsque l’on considère la Révolution comme un aboutissement logique des Lumières. Sa réception par la critique parisienne lors des Salons de l’Académie royale a été parfois aussi un autre moyen de montrer qu’elle ne répondait plus aux attentes d’un « public », dont les critères esthétiques étaient désormais sécularisés 25 . Le tableau religieux du XVIII e siècle est même parfois vu en tant que produit culturel, dont l’aspect et le charme révèlent l’incroyance d’une société ou même l’évanescence des contenus de la croyance, dans un effet de miroir implicite avec nos sociétés actuelles. Pour les moins outrancières, ces idées ne sont pas toujours erronées. Elles rendent compte d’une réalité, celle de l’art qui était exposé à Paris, au Salon. Il ne s’agit donc pas ici d’en prendre le contre-pied systématique, mais d’en modifier l’angle d’attaque, pour pouvoir enfin se dégager des carcans anciens de l’historiographie. Souvent 23 C HARLES L E B RUN Le Portement de Croix , huile sur toile, 1,53 sur 2,14 m, 1687-1688, Paris, musée du Louvre.

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