Extrait Sport & Vie

hors-série n o 49 23 avec dégénérescence modérée devant une série de tests neurocognitifs, avant et après une période de dix mois. Pendant cette période, le premier groupe (66 personnes) avait pratiqué la danse de salon tandis que le second (63 personnes) poursuivait ses habitudes de façon tout à fait ordinaire. Encore une fois, à la fin de l’expérience, le groupe des danseurs montrait des résultats supérieurs dans tous les tests: ceux concernant la mémoire, la vitesse de réaction ainsi que les fonctions exécutives qui nous permettent de planifier, d’organiser ou d’élaborer des stratégies (6)! Il semblerait ainsi que, pour retrouver un peu de sa jeunesse, nul besoin de ces machines à remonter dans le temps tarabiscotées décrites dans les romans de science- fiction. Point de cadrans fous, ni d’éclairs fantasques, ni de DeLorean , la voiture de Retour vers le futur . Mieux vaut prendre exemple sur Eileen Kramer et danser, tout simplement! Anouk Ramaekers Références: (1) Faites danser votre cerveau , par Lucy Vincent, Ed. Odile Jacob, 2018 (2) Dance experience and associations with cortical gray matter thickness in the aging population , dans Dementia and Geriatric Cognitive Disorders , octobre 2016 (3) Evolution of neuroplasticity in response to physical activity in old age: the case for dancing , dans F rontiers inAging Neuroscience , mars 2017 (4) Into the groove: Can rhythm influence Parkinson’s disease? , dans Neuroscience Biobehavioral Reviews , décembre 2013 (5) Walking with music is a safe and viable tool for gait training in Parkinson’s disease: The effect of a 13-week feasibility study on single and dual task walking , dans Parkinson’s Disease , juin 2010 (6) International ballroom dancing against neurodegeneration: A randomized controlled trial in Greek community-dwelling elders with mild cognitive impairment , dans The American Journal of Alzheimer’s Disease and Other Dementias , août 2017 souvent diminuées chez les victimes de ces maladies neurodégénératives: les aires motrices, les ganglions de la base et du cerebellum (4). En dansant, les patients remobilisent ces zones, regagnant par là - même une certaine facilité de mouvement. Après plusieurs séances d’entraînement, les mouvements de la vie quotidienne s’améliorent, même sans musique: des actions comme s’assoir, se lever ou marcher retrouvent une certaine fluidité (5). Les facultés cognitives ne sont pas en reste. Dans une autre expérience, des chercheurs avaient placé deux groupes de patients atteints d’amnésie des facteurs de croissance neuronale et une augmentation du volume de la région parahippocampique (une structure centrale dans le fonctionnement de la mémoire). Pour les auteurs, l’explication d’une telle différence coulait de source. Durant le cours de fitness, les exercices réalisés étaient assez répétitifs, donc très faciles à accomplir et à mémoriser, ce qui n’était pas du tout le cas dans le programme de danse qui, lui, avait mis l’accent sur l’apprentissage constant de nouveaux modèles gestuels, parfois complexes. Conclusion: la danse est bien plus efficace pour contrer le déclin de la matière grise lié à l’âge. Autre chose à retenir: il n’est jamais trop tard pour s’y mettre! Une musette à remonter le temps La danse parvient ainsi à prévenir et freiner les conséquences de la vieillesse sur la mémoire. Elle peut aider à recouvrer des aptitudes que l’on pensait à jamais perdues. Lors de certaines études, elle a même permis à des patients atteints de maladies comme celles d’Alzheimer ou de Parkinson de retrouver une meilleure mobilité corporelle et davantage d’acuité cognitive. L’explication? Les chercheurs ont montré que le fait d’identifier le rythme de la musique et placer les mouvements d’une chorégraphie au bon moment active des structures du cerveau COMME UNE JEUNE FILLE Par la musique, les mouvements et les connexions interpersonnelles qu’elle génère, la danse est capable d’un tas de choses extraordinaires comme de dépoussiérer d’anciens souvenirs et même faire renaître des sensations profondément enfouies dans les gangues cérébrales. Cet effet magique est mis en valeur dans le magnifique documentaire réalisé par Valeria Bruni-Tedeschi et intitulé Une Jeune fille de 90 ans . Avec une grande pudeur, le spectateur découvre les ateliers que le chorégraphe et danseur de talent Thierry Thieû Niang a animé auprès de patients atteints d’Alzheimer traités par le service de gériatrie de l’hôpital Charles-Foix d’Ivry. Le scénario n’était pas figé afin de ne rien perdre de la spontanéité des patients. A leur âge très avancé, allaient-ils apprécier ces ateliers de danse? Se laisseraient- ils facilement guider? Ou seraient- ils plutôt boudeurs et réfractaires? L’équipe de tournage s’attendait à tout. Elle tomba cependant des nues quand Blanche, l’une des patientes, se prit littéralement d’amour pour Thierry, le chorégraphe. Au fil des ateliers, on la voit se laisser griser par ses sentiments, comme une jeune fille, oubliant son âge et sa folie. La musique et la danse permettent de partir à la reconquête de son cerveau.

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