Extrait Sport & Vie

hors-série n o 47 49 convaincante. La publicité pour la viande véhicule ainsi quelque chose de belli- queux. Il suffit de penser au cri «Charal!» , slogan de la marque homonyme. Oui, je pense que la croissance du mouvement végan évolue de pair avec le refus de la violence atavique envers les animaux. Historiquement parlant, depuis quand parle-t-on de véganisme? Quelles sont les différences avec les autres types de régime? Les premières «vegetarian societies» sont nées en Angleterre au XIX e siècle. Des personnes se rassemblaient au sein de clubs où chacun s’engageait à se priver de viande et aussi, par le biais des revues que ces clubs publiaient, à faire un peu de prosélytisme pour une alimenta- tion non carnée. Ce mouvement était assez puissant dans des villes comme Manchester. Le mot végan est plus récent. Il a été utilisé une première fois dans une de ces revues pour désigner une forme aboutie (certains diront «radi- calisée» ) du végétarisme. C’était dans les années 40. Le véganisme concerne tous les champs de la vie et va donc bien au-delà de l’alimentation. Il consiste à refuser toutes les formes d’exploitation animale: les œufs, les produits laitiers, le miel, le lait, le cuir, les produits testés sur les animaux, la laine. que je n’aime pas comme tous ceux qui impliquent une exploitation animale, vous l’aurez compris: les sports hip- piques, les courses de chiens de traîneau et pire que tout, la corrida. Ces spec- tacles constituent des cibles de choix pour les associations véganes. Ce n’est pas seulement une exploi- tation. On peut aussi vivre en bonne entente avec les animaux qui nous entourent et nous permettent de faire du sport. La plupart des cavaliers prétendent avoir un lien assez fort avec leur cheval, c’est vrai. Mais quelle est vraiment la nature de ce lien? Le plus souvent, il s’agit d’une construction qui satisfait l’humain mais ne tient guère compte des besoins de l’animal. On entend ce discours aussi de la part de dresseurs d’orques et de tous ceux qui travaillent dans les cirques ou dans les zoos. Ils se disent convaincus de l’étroitesse de leur lien avec l’ani- mal. Puis certains d’entre eux finissent par rejoindre les associations et recon- naissent avoir été aveuglés. Quel a été l’impact sur les habitu- des alimentaires de tous ces petits films tournés clandestinement et qui montrent la réalité souvent atroce des abattoirs? Important, je crois. Moi-même je suis sans doute devenu végétarien en partie parce qu’inconsciemment je souhaitais supprimer de ma vie cette violence inu- tile. Dans L’Humanité carnivore , la philo- sophe Florence Burgat explique notre attachement à une alimentation carnée par un instinct primaire lié à la dévora- tion et au plaisir de tuer. L’idéem’apparaît tance de ce nouveau marché. La plupart des boutiques, même les plus modestes, possèdent désormais un rayon «sport» où sont mises en vente des poudres de protéines végétales. Dans ces magasins, on retrouve aussi un grand nombre de préparations médicamenteuses, notamment de la vitamine B12. N’est-ce pas faire le jeu des industries pharmaceutiques que de suivre un régime que l’on sait carencé? La vitamine B12 provient à l’origine d’un champignon qui peut de moins en moins se développer avec les modes de pro- duction hyper-hygiénistes adoptés par l’élevage industrialisé. Le seul moyen pour un végan de s’en procurer est de l’acheter sous forme synthétique . Soit directement en pharmacie, soit indirec- tement via des produits végétaux enri- chis spécifiquement en cette vitamine. La carence des végans n’a donc rien de spécifique. Sans le savoir, les omni- vores aussi sont supplémentés. On donne de la B12 aux ani- maux de boucherie. L’industrie de l’élevage reste même le premier client de l’industrie pharmaceutique. Quant aux autres suppléments, ils ne sont pas absolument néces- saires. Même aux sportifs. Etes-vous sportif, vous-même? Un peu. Je cours de temps en temps et je fais du football une à deux fois par semaine. Je suis aussi l’actualité spor- tive, notamment les matchs de football et de rugby. Ce sont des sports que j’aime bien. Puis il y a aussi des sports Le tennisman britannique Eustace Hamilton Miles fut médaillé d’argent aux Jeux de Londres en 1908 et auteur en 1902 d’un livre Failures of Vegetarianism pour dénoncer une mode incompatible à ses yeux avec les exigences d’une vie saine. Laissons les chiens redevenir des loups!

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