Extrait Sport & Vie

hors-série n o 47 19 qu’un corps plus massif leur impose- rait. CSKA ou pas, il reste fidèle aux pré- ceptes de son ancien médecin Yuri Korneev, un adepte de médecine tibétaine qui s’oc- cupait de lui à Voskressensk. «De la mesure en toute chose» aurait pu être la devise des deux acolytes, inspirée par l’auteur latin Horace. Même si elle s’op- posait frontalement aux canons de la préparation physique pratiquée dans le hockey de l’époque, autant en URSS qu’en Amérique du Nord, un continent où Larionov débarquera en 1989. Mal- gré les réticences et les dénigrements occasionnels, Larionov ne transigera jamais sur ses principes de frugalité. Grâce à eux, l’enfant de Voskressensk accomplira une carrière longue d’un quart de siècle, marquera les esprits en club ou en sélection nationale et mérite encore aujourd’hui une place dans le top 3 des meilleurs hockeyeurs de l’his- toire. Cela en ne mangeant quasiment aucune viande. Larionov attribuait à cette diététique son endurance hors du lescence, rien ne le distingue de ses camarades à part justement des dons inouïs pour le hockey, seul passe-temps de la jeunesse locale. A 17 ans, Igor fait ses débuts en équipe première du prestigieux Khimik Voskressensk, fierté des habitants de la ville. Sur glace, Larionov compense un gabarit quel- conque par une technique hors du com- mun et un coup d’œil inimitable. Ses passes au millimètre et son patinage gra- cieux lui promettent un avenir radieux dans l’élite sportive soviétique. En 1981, Igor Larionov est donc enrôlé par le CSKA Moscou, surpuissant club de l’ar- mée et antichambre de l’équipe natio- nale. Une fois installé dans la capitale, Larionov brille sur la glacemais déchante en-dehors. Les règles sévères imposées à la caste des hockeyeurs de haut niveau l’indisposent souverainement. Surtout le régime alimentaire hyper-protéiné. Riche en viande rouge, il est censé aidé les joueurs à supporter l’intense travail de musculation coutumier dans ce club à la mentalité militaire. Or ce diktat dié- tétique ne correspond pas aux besoins physiologiques du jeunehomme. Duhaut de son fluet 1,75 mètre, il comprend très vite qu’il ne pourra jamais rivaliser en puissance avec ses adversaires. Contre l’avis de ses supérieurs, il réduit donc au minimum son entraînement en force ainsi que la part carnée dans sa nourri- ture au profit de fruits et de légumes, en veillant à toujours quitter la table avant d’être totalement repu. En procédant ainsi, il entend rester vif et léger, proté- geant ses articulations des sollicitations V oskressensk. Ce nom ne vous dit sans doute rien. C’est celui d’une ville de la grande banlieue de Mos- cou dont les 90.000 habi- tants ont longtemps vécu, et vivent encore, à l’ombre des usines chimiques, des églises orthodoxes et des monuments aux victimes de guerre. Bref, un coin lugubre à éviter autant que possible. Sauf si on aime le hockey sur glace. En l’honneur d’un de ces hasards dont l’histoire est fertile, la banale Voskressensk a vu naître quelques uns des meilleurs joueurs de ce sport. Dont Igor Larionov. Attardons-nous sur ce gamin venu au monde en 1960. A l’ado- En Allemagne, la Bundesliga s’ouvre au monde. Ici les footballeurs du FSV Francfort passent à l’atelier boucherie. Igor Larionov, le professeur Mirco Bergamasco, pastèque nature

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz