Extrait Sport & Vie

n o 191 56 HALTEROPHILIE Le gouvernement des fous Beaucoup de sports sont victimes de leurs dirigeants. En halté- rophilie, c’est flagrant. Cette discipline n’aura pas de concours aux Jeux de Los Angeles en 2028. C’est acté. Une éventuelle réhabilitation reste possible. Mais il faudrait pour cela que l’IWF (Fédération internationale d’haltérophilie) rompe enfin avec ses anciennes pratiques de corruption. Or cela semble impossible. Les caciques de son comité directeur s’accrochent à leur siège et s’arrangent entre eux pour torpiller les élections. Celles-ci devaient avoir lieu à Tachkent (Ouzbékistan) à la fin du mois de décembre mais, comme de lourds soupçons pesaient sur la can- didature du Russe Maxim Agapitov auquel on reprochait d’avoir fait pression sur ses rivaux pour les évincer de la course, elles ont été repoussées au mois de juin prochain. C’est la troisième fois que cela arrive! Pendant ce temps, les actuels dirigeants restent en place et vident les placards de leurs cadavres. MK NATATION Sun Yang sauvé des eaux La question des droits de l’homme se pose de façon récurrente en Chine. En faire une ligne de défense pour plaider la relaxe d’un champion de natation accusé de dopage, il fallait oser tout de même. C’est pourtant ce que firent les avocats de Sun Yang devant le Tribunal fédéral suisse (TFS) afin d’invalider la décision prise par le TAS (Tribunal arbitral du sport) de le suspendre de toute compétition sportive pour une période de huit ans. Sun Yang a pourtant un casier long comme le bras avec un premier contrôle positif à la trimétazidine en mai 2014 et un autre qui l’aurait sûre- ment été en octobre 2018, sinon pourquoi son entourage aurait-il détruit à coups de marteau les échantillons d’urine et de sang le jour du prélèvement? Le jury du TAS avait donc pris une déci- sion juste. Mais les conseils du nageur ont réussi l’exploit de la faire passer comme une nouvelle preuve de l’hostilité de son pré- sident, l’Italien Franco Frattini, à l’égard du peuple chinois. Chose extraordinaire: ils ont été entendus! Le TFS a cassé la sanction et l’affaire est revenue devant le TAS qui prit soin cette fois-ci de désigner des personnalités irréprochables (*). A l’issue de ce nouveau procès, Sun Yang s’en est sorti avec une peine réduite à quatre ans et trois mois qui court à partir du 28 février 2020. Le timing est important. Cela signifie que sa suspension prendra fin juste avant les Jeux de Paris 2024 auxquels il pourrait théori- quement prendre part. Pour l’heure, le conditionnel s’impose. Car de nouveaux rebondissements sont à prévoir. Le 19 décembre, Sun Yang a été aperçu lors d’un entraînement officiel de l’équipe nationale chinoise. Or c’est interdit pour un sportif suspendu. Il suffirait que l’AMA (Agence mondiale antidopage) ajoute quelques semaines à la période de suspension pour mettre Sun Yang défini- tivement hors-jeu. Osera-t-elle? MK (*) Il s’agit de trois avocats: le Suédois Jan Paulsson, le Belge Bernard Hanotiau et le Suisse Hans Nater . SUR LE FRONT DU DOPAGE Rubrique réalisée sous la direction de Marc Kluszczynski Sun Yang possède l’un des plus beaux palmarès de la natation mondiale avec trois titres olympiques (400 et 1500 mètres à Londres 2012, 200 mètres à Rio) et onze titres de champion du monde. Seul problème, “ il pisse violet ”, selon le dossiste français Camille Lacourt. Maxim Agapitov, le grand diffamateur Aux Jeux d’hiver de Pékin 2022, la patineuse russe Kamila Valieva a été pincée elle aussi pour usage de trimétazidine. A la différence de Sun Yang, elle n’a pas été sanctionnée au motif qu’elle était mineure et donc non responsable au moment des faits.

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