Extrait Sport & Vie

n o 185 43 angines et autres maladies des voies respiratoires supérieures. S’ils tombent malades, ils doivent interrompre leur programme, ce qui diminue forcément la charge totale et donc le niveau de per- formance. Les probiotiques éloignent ce risque. Voilà l’explication la plus plau- sible à leurs éventuels bienfaits athlé- tiques. Où cela se passe-t-il exactement dans l’organisme? Certains auteurs suivent la piste du tryptophane et de son rôle-clé dans l’immuno-surveillance (3). Après un effort épuisant, la concentra- tion de tryptophane dans le sang a plu- tôt tendance à baisser, ce qui augmente la vulnérabilité de l’athlète face aux microbes. Or une supplémentation en probiotiques freine cette baisse du taux de tryptophane et améliore de ce fait la fonction immunitaire. Une autre expli- cation possible repose sur la protection qu’offrent certaines souches probio- tiques aux muqueuses intestinales lors rassemblant plusieurs probiotiques. Le problème réside aussi dans la façon de mesurer les performances. Et avec quel délai? Car les probiotiques n’agissent pas de façon immédiate comme le font d’autres substances ergogènes telles que caféine, bicarbonates et compa- gnie. Il faut du temps pour que les nou- velles bactéries colonisent l’intestin. Cela prend des jours. Parfois même des semaines. Quant à l’effet sur la perfor- mance observé dans les études pro- bantes, il pourrait être seulement lié à la capacité des athlètes recrutés à soute- nir de grosses charges d’entra î nement. En clair, les probiotiques n’agiraient pas de la même manière que les autres pro- duits de l’effort, c’est-à-dire en augmen- tant la force, mais en protégeant plutôt l’organisme de tout ce qui pourrait lui nuire. On sait que les sportifs en phase intensive d’entraînement sont sou- vent sensibles aux infections: rhumes, un nombre grandissant de personnes, parmi lesquelles on trouve de nombreux sportifs. Sans doute sont-ils soucieux de se protéger des maladies comme les autres consommateurs, et peut-être aussi d’améliorer leurs performances. A tort ou à raison" Sur les sports d’endurance La première étude portant sur le thème spécifique «probiotiques et sport d’en- durance» date de 2006 et s’intéressait au sort d’athlètes épuisés par un très lourd programme d’entraînement. Elle démontrait qu’une supplémentation en Lactobacillus acidophilus pendant un mois permettait de limiter fortement le mauvais fonctionnement des cellules T du système immunitaire. On était donc mieux armé pour combattre des mala- dies. A la suite de ce résultat positif, d’autres chercheurs se sont engouffrés dans la brèche et une recherche menée pour cet article nous a permis de rele- ver 24 récits d’expériences sur ce thème précis. Dans 17 cas sur 24, les travaux n’ont rien donné. Pour les sept der- niers, si, la prise de probiotiques avait amélior é de fa©on parfois significative les performances des sujets dans les épreuves de fond (2). Comment expli- quer un tel éparpillement des résultats? En fait, c’est normal. Toutes ces études suivaient des protocoles différents. Les uns utilisaient une seule souche de bactéries. D’autres mélangeaient plu- sieurs souches. Par conséquent, on peut difficilement comparer les résultats. Globalement, il semble néanmoins qu’on augmente ses chances de réussite en COMMENT NE PAS SE TROMPER DE SUFFIXE Le terme probiotique est composé d’une racine latine, « pro » qui signifie « pour », et d’une racine grecque, « bios » qui signifie « vie ». Les probiotiques favorisent donc la vie. C’est d’ailleurs la définition qu’en donne l’Organisation mondiale de la santé (OMS): « les probio- tiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’administrés en quantités adé- quates, confèrent un bénéfice pour la santé de l’hôte » (*). Cette famille comporte des champignons, des levures ou, comme c’est souvent le cas dans les préparations que l’on trouve dans le commerce, des bacté- ries. Mais on peut trouver des probiotiques à l’état naturel dans des aliments aussi simples que le yaourt, le kéfir, le levain, les vieux fromages, le chou fermenté, la bière ou encore le vin. Attention cependant à ne pas confondre « probiotiques » et « prébiotiques » puisqu’il s’agit d’entités distinctes. Les probiotiques sont des organismes vivants, on l’a dit, alors que les prébiotiques désignent tout ce dont ils se nourrissent: les fibres, par exemple. On trouve des prébiotiques à foison dans des aliments comme les arti- chauts, les salsifis, les poireaux ou encore les asperges. Au hasard des lectures, on rencontrera aussi le terme « symbiotique » pour désigner l’association des pré- et des probiotiques dans une même préparation. (*) 7he ,nternational 6cientific Association for Probiotics and Prebiotics consensus statement on the scope and appropriate use of the term probiotic , dans Nature Reviews. Gastroenterology and Hepatology , juin 2014 Les bactéries anti-fatigue existent-elles?

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