Extrait Sport & Vie

n o 178 26 DÉBAT modèle pyramidal et passaient assez peu de temps au seuil (1), comme s’ils sautaient les étages médians de la pyramide pour privilégier les pôles inférieur et supérieur. Quelques années plus tard, le professeur Véronique Billat s’étonna à son tour de cette bipolarisation de l’entraînement (2). Alors de deux choses l’une: soit ces cham- pions commettaient une grave erreur en snobant ce travail spécifique, soit ils avaient découvert intuitivement qu’en tournant le dos aux anciens modèles, ils exprimaient mieux leur potentiel! Assez logiquement, on s’est mis à utiliser le terme «polarisé» pour désigner cette nouvelle façon de faire dans la mesure où, effectivement, les efforts se distribuent aux extrêmes (3). En économie, on pourrait comparer cela à une société qui verrait les riches devenir de plus en plus riches, tandis que disparaîtrait la classe moyenne et que s’élargirait la popu- lation pauvre. Cela ne vous rappelle rien? vitesses proches de celles que l’on tiendra en compétition, par exemple sur la distance d’un marathon. L’entraînement pyramidal s’accompagne aussi de nombreux désa- gréments qu’on pourrait résumer ainsi: le travail au seuil est lassant! Du coup, on a inventé l’ «interval training» (en anglais) ou «entraînement fractionné» (en français). En s’octroyant des pauses entre les efforts, on rend les choses moins monotones. De surcroît, le fractionné permet d’accroître la charge de travail globale et même de passer au total plus de temps à l’allure de course. Voilà grosso modo où nous en étions lors- qu’émergea l’entraînement «polarisé» , qui propose une répartition encore différente des efforts. Son apparition remonte au début des années 1990 quand des scienti- fiques néo-zélandais se penchèrent sur le programme d’entraînement des meilleurs athlètes du pays. Ils s’aperçurent que leurs compatriotes n’appliquaient pas l’ancien L a méthode dite «polarisée» est la dernière-née de toutes celles qui se targuent d’avoir révolutionné la science de l’entraînement. Sans refaire toute l’histoire, on peut opposer cette méthode à celle qualifiée de «pyramidale» . En pyramidal, on s’entraîne en effet à toutes les intensi- tés d’effort, la durée des exercices étant inversement proportionnelle à leur diffi- culté, c’est-à-dire qu’on passe beaucoup de temps aux intensités faibles (la base de la pyramide) et peu de temps aux intensités les plus élevées (la pointe de la pyramide). On se retrouve donc avec des sorties aux cadences relativement élevées (entre 70 et 85% de VMA) et de longueur appré- ciable (entre 20 minutes et une heure). Les entraîneurs définissent ce «travail au seuil» comme étant «confortablement difficile» . Joli oxymore! Il présente l’avantage d’être très spécifique puisqu’on s’entraîne à des Pour ou contre l’entraînement « polarisé »? La plupart des entraîneurs connaissent la signification du terme « polarisé ». Ceux-là sont autorisés à sauter la première partie du texte et à nous rejoindre directement au deuxième paragraphe. Les autres, suivez-nous!

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