Extrait Sport & Vie

n o 171 53 drogues qui affectent le système ner- veux central. D’autres enfin recourent à des interventions physiques comme la technique qui consiste à stimuler élec- triquement certaines parties du cerveau à travers la boîte crânienne. Voyons cela dans le détail. Le pouvoir du fric Dans les théories de Noakes et Kayser, la décision d’arrêter une tâche pour cause de trop grande fatigue ou simplement celle de réduire son intensité lorsqu’on n’arrive plus à suivre, cette décision donc, est prise par le cerveau. Précisons tout de suite que cela ne signifie pas que les facteurs péri- phériques ne jouent aucun rôle. Ils inter- viennent évidemment dans la perception de la difficulté de l’effort qu’il s’agisse de l’activation du système cardiorespiratoire ou de la fatigue musculaire. Même le plus Sans cette étape préliminaire, le muscle squelettique ne peut pas se contracter. Impossible! Mais que le cerveau soit également le lieu d’où émane l’ordre de mettre fin à l’exercice, voilà qui est beau- coup plus étonnant. Kayser fut donc parmi les premiers à soutenir cette thèse même s’il admettait dans son article que les raisons qui le forcent à agir de cette façon restent encore grandement mys- térieuses. Il faut dire que cela ne fait qu’une vingtaine d’années que l’on s’in- téresse sérieusement à ce qui se passe dans notre encéphale lors d’un exercice épuisant. Aujourd’hui, les chercheurs rivalisent d’imagination pour concevoir des expériences qui, espérons-le, per- mettront de faire la lumière sur cette partie de la neurophysiologie. Certaines expériences impliquent des manipula- tions mentales. D’autres utilisent des musculaires comme on le pensait pré- cédemment mais bel et bien par le cer- veau! En clair, celui-ci aurait pour fonc- tion d’intégrer une multitude d’informa- tions en provenance de tous les organes: le cœur, les muscles, les poumons. En fonction de quoi, il poserait les limites de l’effort. D’où cette idée de Grand Gou- verneur (NB: Noakes parle en réalité de Gouverneur Central) selon laquelle c’est bien le cerveau qui décide de ce que l’on peut ou ne peut pas faire! On peut comparer son rôle à celui de parents qui laissent leurs enfants jouer dans un parc ou un jardin mais qui prennent d’abord soin de leur délimiter l’espace de liberté: «vous ne pouvez pas aller plus loin que l’arbre là-bas». Au contraire des théories précédentes, celle-ci nous per- met de comprendre pourquoi la forme fluctue tellement d’un jour à l’autre et aussi pourquoi on ne peut réaliser une grande performance qu’à partir du moment où on en a accepté l’augure, c’est-à-dire qu’on considère que ladite performance est de l’ordre du possible. Sans cette démarche de nature intel- lectuelle, il risque toujours d’y avoir un grain de sable pour faire capoter l’entre- prise. Après TimNoakes, beaucoup d’au- teurs adhérèrent à l’idée d’une primauté de la pensée sur le corps, notamment le professeur Bengt Kayser (Université de Lausanne) qui la défend dans un article au titre évocateur: «L’exercice commence et se termine dans le cerveau» (2). La pre- mière partie de sa proposition ne sur- prendra personne. Tout exercice débute en effet par le recrutement d’unités motrices par le système nerveux central. Tim Noakes, hier et aujourd’hui Dans le sport, le premier qui surchauffe a perdu! Gary Cahill s’est déchiré un neurone

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