Extrait Sport & Vie

n o 171 52 encore réalisé que quelle que soit la température externe ou la chaleur du corps lorsqu’on débute l’effort, on s’ar- rête toujours à environ 40,5°C de tem- pérature centrale. L’effort dure plus ou moins longtemps, c’est tout! En 2001, la publication des travaux de Timothy Noakes résonnèrent donc comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Ce chercheur sud-africain (Université du Cap) proposait un nouveau paradigme pour expliquer la finitude de nos capa- cités athlétiques: la théorie du Grand Gouverneur (1). Pour lui, tout se passe au niveau de notre encéphale. Sa théo- rie implique en effet que l’intensité de l’effort ne soit pas définie de façon auto- ritaire par les paramètres cardiaques ou sement. Il s’ensuivait une augmentation de la température corporelle qui forçait à baisser l’allure ou même à s’arrêter lorsqu’il fait vraiment trop chaud. Mais on pensait aussi que c’étaient les mus- cles qui surchauffaient et devenaient moins efficaces. Tous ces travaux furent évidemment précieux pour défricher l’immense chantier des connaissances. Aujourd’hui, on leur reproche néan- moins d’être à l’origine de cette repré- sentation fausse selon laquelle le niveau maximal d’effort se trouve entièrement déterminé par des facteurs périphé- riques, ce qui revient en somme à faire totalement abstraction du rôle pour- tant essentiel du cerveau. Par exemple, pour revenir à la chaleur, on n’avait pas J usqu’au début du XXI e siècle, les physiologistes de l’exercice se sont principalement concentrés sur les facteurs périphériques pour expliquer les limites de la performance. On pointait des freins comme le débit cardiaque, la res- piration ou l’énergétique musculaire. En clair, on pensait que l’incapacité à élever son niveau dépendait de paramètres objectifs et que ceux-ci étaient tous de nature périphérique. Dans le même temps, un grand nombre d’études s’in- téressaient aux conditions environne- mentales. Elles montraient par exemple que la conjonction d’une chaleur et d’une hygrométrie élevées suffisait à déborder les mécanismes de refroidis- NEUROLOGIE Mais qu’est-ce qui nous freine? Certains efforts physiques sont clairement au-dessus de nos forces. Suivre Eliud Kipchoge, par exemple. Selon sa forme du moment, on pourra le pister sur quelques dizaines ou centaines de mètres. Mais il arrivera toujours un moment où on devra le laisser filer. Pourquoi?

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