Extrait Sport & Vie

n o 167 14 récompense de la moindre victoire en match amical. Il fallut quinze (!) jours pour qu’elles obtiennent réparation. Et au lieu de faire acte de contrition, le ministre nigérian des Sports pré- féra s’enfoncer dans le ridicule: «nous n’avions pas les sous en banque car on ne s’attendait pas à ce qu’elles gagnent» , prétendit-il (1). Il aurait dû se rensei- gner. A ce jour, le Nigeria a remporté dix CAN féminines sur douze! Consé- quence probable de cette révolte pourtant légitime, Oparanozie et ses consœurs sont depuis tombées aux oubliettes. Pas un seul match, pas un seul entraînement en 2017! Et bien entendu, pas de staff appointé alors que la Coupe du monde, organisée en France, brille à l’horizon de l’été 2019. Le Nigeria devrait y participer, voire y nourrir de légitimes ambitions. Au conditionnel car on se demande bien comment, avec tout le retard accumulé. Les bobards du bob Cette négligence envers des sportives accomplies, nées et formées sur le ter- ritoire nigérian, étonne de la part d’un Etat et d’une nation qui, en d’autres circonstances, n’hésitent pas à utili- ser le sport pour vanter ses mérites. Quitte à en abuser. Examinons le cas de Seun Adigun, Ngozi Onwumere et Akuoma Omeoga. Ces trois femmes ont beaucoup fait parler d’elles en participant à l’épreuve féminine de bobsleigh des Jeux olympiques de Pyeongchang. Sur place, avec Simi- dele Adeagbo, elle aussi qualifiée olympique mais en skeleton, elles ont Une des héroïnes de ce triomphe, Desire Oparanozie, joue justement en France, à Guingamp. Elle avait inscrit l’unique but de la finale remportée par les siennes contre le Cameroun, organisateur de la compétition. Un bel exploit. Pour leur retour au pays, les lauréates s’étaient attendues à une réception digne de la performance. Certes, elles sont conscientes de leur déficit de notoriété par rapport aux «Super Eagles» , leurs homologues de la sélection nationale masculine. Mais de là à se figurer que rien, absolument rien, n’ait été prévu pour les accueillir à Abuja, la capitale politique du pays. Comment imaginer un tel dédain! Puis, comme si ce premier camouflet ne suffisait pas, l’exécutif nigérian en rajouta une couche en ne respectant pas sa promesse de verser la prime de 15.000 euros par personne en cas de succès. Sans se démonter, les «Falcons» firent le siège de leur hôtel d’Abuja jusqu’à recevoir leur dû, rap- pelant en outre que chaque sélec- tionnémasculin touche 4300 euros en C eux qui assisteront, à Paris le 4 avril prochain, à la ren- contre amicale de football féminin entre la France et le Nigeria seront, sans le savoir, témoins d’un sacré événement. En l’occurrence, il s’agira de la première sortie officielle de l’équipe nationale féminine du Nige- ria depuis 18 mois. Plus précisément, depuis le 3 décembre 2016 et la vic- toire des «Super Falcons» (leur sur- nom) en Coupe d’Afrique des nations. Etre Nigériane et athlète de haut niveau exige de se battre sur deux fronts: sur le terrain contre les adversaires et au pays contre l’indifférence. Les intéressées s’en tirent chacune à leur manière. Exemples en football et en bobsleigh. B R È V E DU MONDE Vertes et contre tous Les bobbeuses nigérianes ont terminé vingtièmes et der- nières de la compéti- tion de bob à deux aux Jeux de Pyeongchang et furent pourtant célébrées comme des championnes. Les footballeuses nigé- rianes ont remporté la Coupe d’Afrique des Nations et tout le monde s’en fout. Comprenne qui pourra.

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