Extrait Sport & Vie

n o 165 31 nous saturent de plasti- fiants; 2/ beaucoup d’ob- jets servant à la pratique du sport sont eux aussi abondamment traités, notamment les revête- ments des salles et des terrains de sport; 3/ plus pernicieux, les soins médicaux sont eux aussi une source importante de contamination. Or les sportifs sont régu- lièrement blessés et la répétition de certains actes thérapeutiques constitue une troisième voie d’en- trée. Nous verrons cela dans les para- graphes qui suivent en commençant par une histoire tragique qui vient de Taïwan et démontre que les risques de sur-contamination des sportifs ne sont pas une chimère. Tout commence en avril 2011, lorsque les autorités taïwanaises détectent par hasard des quantités exceptionnellement élevées d’un phtalate (DEHP) dans un complé- ment alimentaire enrichi en probio- tiques. Une enquête est ouverte. Elle mène jusqu’à un fabricant de produits chimiques qui grugeait ses clients en leur vendant de simples phtalates (DEHP, DINP) en lieu et place d’émul- sifiants ou d’opacifiants destinés à l’industrie cosmétique et alimentaire. Pire encore! On réalise que la fraude durait depuis plus de dix ans et que sa découverte est due au hasard puisque ces phtalates ne figuraient pas sur la liste des substances à dépister dans les produits finis. En clair, on ne doit cette révélation qu’à l’erreur d’un fonctionnaire qui, semble-t-il, s’était trompé de liste. On imagine aisément la panique des autorités. Car les phta- lates étaient littéralement partout! On en retrouvait dans les complé- ments alimentaires, c’est le cas de ces fameux probiotiques à l’origine de la découverte, mais aussi dans les jus de fruits industriels, les confitures et les boissons de l’effort. Les produits incriminés furent aussitôt retirés de la vente et un réseau d’accueil fut mis en place à travers les différents hôpitaux du pays pour s’occuper des milliers de victimes. L’enquête a montré que 9% des adultes du pays et 37% des Made in Taïwan Pourquoi les sportifs seraient plus concernés que les autres? Cette ques- tion n’a encore jamais été abordée par les épidémiologistes. Cependant, trois raisons suggèrent qu’ils courent un risque accru: 1/ les produits de l’effort sont conditionnés de telle façon qu’ils malléabilité recherchée. Le problème, c’est que les liaisons chimiques qui relient ces additifs à leurs supports ne sont pas très solides. Avec le temps, elles se démantèlent et les plastifiants sont largués dans l’environnement. Au point qu’on en retrouve partout, y compris dans nos organismes. Surtout ceux des sportifs.

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