Extrait L'Objet d'Art

FÉNÉON | HORS-SÉRIE L’OBJET D’ART 11 Pierre Bonnard, Le Joueur de banjo , 1895 Huile sur bois, 43 x 66,7 cm. Paris, musée d’Orsay © Musée d’Orsay, dist. RMN – P. Schmidt 1947. Fénéon n’a pas souhaité faire de legs à des musées, il leur en voulait beaucoup de ne pas avoir acheté de Seurat de son vivant. Ph. P. : Il n’aimait pas les musées. Il indique à l’amateur Maurice Girardin qu’il ne voulait pas voir ses œuvres « croupir dans la poussière et l’en- nui des musées », il préférait les voir entre des mains vivantes. Félix Fénéon, l’homme qui désirait être oublié , c’est ainsi que l’historien de l’art John Rewald intitule un texte de référence sur le critique. A-t-il vraiment souhaité ne laisser aucune trace ? Ph. P. : Fénéon n’a jamais voulu se mettre en avant, et il n’a pas laissé d’ar- chives. Il nous faut glaner les textes et les lettres, très dispersés. Pourtant dès 1945, Jean Paulhan publie « F. F. ou le critique », un article fondamen- tal, avant de faire paraître les Œuvres complètes de Fénéon. Il incitera ensuite l’Américaine Joan Halperin à poursuivre son travail et à publier les Œuvres plus que complètes qui ras- semblent de nombreux textes non signés ou écrits sous pseudonymes. Actuellement, Guillaume Zorgbibe prépare l’édition des Œuvres encore plus que plus que complètes ! Fénéon est un sujet sans fin. I. C. : Nous nous sommes beaucoup appuyés sur les recherches de Joan Halperin. Cependant, sa biographie de Fénéon s’arrête lorsqu’il quitte la rédaction de La Revue Blanche en 1903, donc avant qu’il ne devienne directeur artistique de la galerie Bernheim-Jeune. Elle voulait écrire la deuxième partie mais n’a pas pu mener à bien ce projet. Nous avons toutefois pu consulter ses archives, conservées à l’Institut de la Mémoire des éditions contemporaines. Quelle est aujourd’hui la place de Fénéon et quelle est l’ambition de l’exposition ? I. C. : Il n’a pas été oublié, pourtant il n’a jamais pris la place qui lui revient. Il est à la fois partout et nulle part… À travers lui, nous brossons à petites touches le portrait d’une époque bien plus complexe qu’il n’y paraît, et où se mêlent littérature, politique, histoire, art. Ph. P. : C’est un homme « à la rencontre de deux siècles » résume Jean Paul- han. Et cela a joué contre lui. Les spé- cialistes du XIX e ne voient en lui que le théoricien du néo-impressionnisme tandis que ceux du XX e siècle ne lui ont pas accordé beaucoup d’attention. L’exposition entend jeter un coup de projecteur sur ce personnage, mais nous n’avions pas l’ambition d’être exhaustifs, d’autant que les espaces sont relativement restreints et qu’il n’était pas possible d’obtenir cer- taines œuvres comme les grands tableaux de Seurat ( Un dimanche à la Grande Jatte ou Baignade, Asnières ). Nous espérons aussi relancer les recherches sur Fénéon.

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