Extrait L'Objet d'Art

Au sein de cette rétrospective figurent quelques œuvres d’autres artistes, à commencer par Claire Vasarely… Victor rencontre sa future épouse au Bauhaus de Budapest. Elle est extrême- ment douée et il est difficile de savoir quelle influence ils ont eu l’un sur l’autre. Le sexisme de l’époque a fait qu’elle n’a pas pu mener la carrière à laquelle son talent la destinait. Nous ne voulions pas la passer sous silence et nous avons fait venir de Budapest une série de ses tra- vaux graphiques. Nous présentons également quelques œuvres de Pol Bury, Yaacov Agam, J. R. Soto ou de Jean Tinguely dans le cadre d’une petite reconstitution de l’exposition « Le Mouvement » qui s’est tenue en 1955 à la galerie Denise René. Nous voulions non seulement évoquer dignement cette exposition historique mais également rappeler le rôle de chef de file que Vasarely a rempli auprès d’une génération d’ar- tistes, de presque vingt ans ses cadets, les Morellet, Le Parc ou Soto qui ont d’ailleurs dû le trouver parfois bien en- combrant... Sans parler de son fils Yvaral, qui reste malheureusement encore au- jourd’hui dans son ombre et demeure un artiste très sous-estimé. Il a travaillé en tant que chef d’atelier auprès de son père sur certaines de ses plus importantes créations, parmi lesquelles le logo de la régie Renault ou le salon de la Deutsche Bundesbank que nous exposons. Très dense, le parcours chronologique retrace en sept sections la carrière de Vasarely. Comment l’avez- vous construit ? La première section montre que, dès les années 1930, presque l’essentiel du voca- bulaire que l’artiste utilisera par la suite est déjà fixé. Puis, au fil de la section « Géo- métrie du réel », on le voit trouver sa place au sein de la seconde École de Paris et de l’abstraction géométrique de l’époque, avec les séries « Belle-Isle », « Denfert » et « Gordes-Cristal ». Une partie importante est ensuite dédiée à l’émergence de l’art optico-cinétique, tan- dis que la section suivante, intitulée « Un espéranto vi- suel », montre que Vasarely revient vers 1960 à son pro- jet de socialisation de l’art et invente un vocabulaire qu’il appelle « l’unité plastique ». C’est l’un des premiers à avoir une conception planétaire de l’art. Il considère que dans une société mondialisée il faut un vocabulaire acces- sible et manipulable par tous, envisagé comme un « Folklore planétaire ». Après la partie « Pop abstraction » déjà évoquée, nous présentons ses inté- grations architecturales (dessins, ma- quettes et diaporamas), l’autre grande stratégie de diffusion de son travail. Il en réalise une centaine dans les années 1960-1970. Les plus connues en France sont les fresques de la gare Montpar- nasse, dont l’une vient d’être restaurée, et la façade de RTL qui a été retirée l’an passé de son emplacement originel, rue Bayard, car la radio a déménagé. Le parcours s’achève sur les dernières grandes compositions du plasticien, ins- pirées par la science-fiction, pour faire un peu « planer » le visiteur avant qu’il ne quitte le musée. n Meh (2) , 1967-68. Huile sur toile marouflée sur contreplaqué, 180 x 180 cm. Paris, musée national d’Art moderne – Centre Pompidou. Photo service de presse © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN – B. Prévost 9 VASARELY HORS - SÉRIE L’OBJET D’ART

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