Extrait L'Objet d'Art

L’OBJET D’ART 9 tionne les éléments qui lui plaisent et les assemble pour créer son propre univers. C’est l’une des choses que l’on a voulu montrer dans l’exposition : Lequeu est un homme de son temps. J. R. L. : Il n’invente pas non plus de toutes pièces ses petits édifices appelés « fabriques » et destinés à agrémenter les parcs. Il peut reprendre partiel- lement un dessin publié dans un de ces répertoires de fabriques destinés à fournir des modèles aux architectes, comme Les jardins anglo-chinois de Georges-Louis Le Rouge . On sait qu’il s’appuie pour créer ses fabriques au décor chinoisant sur les Desseins des édifices, meubles, habits, machines et ustensiles des Chinois de William Chambers, puisque l’ouvrage fait partie de sa donation. Sur quelles sources peut-on s’appuyer pour étudier l’artiste ? C. L. B. : Lequeu n’est presque pas cité dans les revues et dans la corres- pondance de l’époque, il a laissé relativement peu de traces dans les Trajan de 1793-1794 alors que le texte qui l’accompagne est repris du Dic- tionnaire abrégé des Hommes célèbres de l’Antiquité de Le Bond publié en 1802… A-t-il été complètement oublié après sa mort ? J. R. L. : Il n’est pas tout à fait oublié puisqu’il est cité comme architecte dans des ouvrages. C. L. B. : Quelques projets de fabriques conçus avant la Révolution sont gravés de son vivant au début du XIX e siècle dans des recueils d’hôtels particuliers et maisons de campagne de Jean-Charles Krafft, lui aussi ancien élève de l’école gratuite de Rouen. Ces architectures ont alors encore vocation à être construites, elles correspondent à ce qu’apprécie l’élite et ne détonnent pas avec le travail de François-Joseph Bélanger ou de Claude-Nicolas Ledoux. Jusqu’au début du XX e siècle, Lequeu archives. Des recherches dans les registres paroissiaux ou à l’École poly- technique ont permis d’asseoir nos connaissances. Pour écrire sa biogra- phie nous sommes obligés de nous appuyer sur les documents donnés à la BnF : un précieux curriculum vitae écrit au début du XIX e siècle, des lettres de recommandation et des brouillons de lettres. Il est toujours délicat de savoir si ce qu’il dit est vrai ou fantasmé car on se rend compte que l’architecte a été animé par la volonté d’écrire sa fiction. Impossible, par exemple, de savoir s’il a vraiment été en Italie dans les années 1781-1782 avec le comte de Bouville, comme il le prétend. Le fonds compte beaucoup de dessins représentant des détails de bâtiments italiens mais le journal censé retracer ce voyage est totalement impersonnel et consiste en une simple liste de monuments à voir dans les différentes villes de la péninsule ! J. R. L. : Il ne faut pas non plus se fier aux dates apposées sur les dessins. Il date par exemple l’ Apothéose de Carte, 1801 Exercice de dessin topographique 29,7 × 43,6 cm

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