Extrait L'Objet d'Art

15 MAI 2021 L’OBJET D’ART troisième est due à la dissolution de la Fondation reconnue d’utilité publique (Frup), créée en 2005 par mon prédécesseur PierreMessmer et Son Altesse l’Aga Khan. Sa mission était d’entretenir le château, faire des investissements importants et couvrir certains déficits. Entre 2005 et 2020, l’Aga Khan a ainsi dépensé près de 70 millions d’euros pour Chantilly. Notre gratitude à son égard est infinie. Notre défi aujourd’hui consiste à continuer d’assurer l’équilibre global du domaine : il rapporte environ un million par an, compensant le déficit chronique de la partie patrimoniale et muséographique d’environ 800 000 €. Mais il va falloir trouver les moyens nécessaires à la poursuite des investissements qu’assurait la Fondation. C’est pourquoi nous sommes en train de bâtir un programme avec la Drac pour poursuivre les travaux de restauration, ainsi qu’avec des opérateurs privés, par exemple pour transformer le château d’Enghien en hôtel, capable d’accueillir une clientèle nouvelle de tour-opérateurs de haut- niveau. Mais tout cela reste à concrétiser. Vous vous êtes aussi tourné vers l’État pour obtenir du pré- sident de la République une aide plus globale du patrimoine de l’Institut ainsi qu’un soutien pour la restauration du palais Conti que vous occupez. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’Institut possède aussi le château de Langeais et la villa Kérylos, dont la situation financière actuelle est fragile, malgré des opérateurs délégués compétents. Rien n’a encore été arbitré. Il est nécessaire de continuer à réfléchir à la manière dont ce patrimoine ouvert au public peut être soutenu par l’État. La situation de Langeais est la plus préoccupante et la plus urgente : c’est un endroit absolument magnifique, mais le château a besoin de réparations régulières et les moindres interventions y sont très coûteuses. Sinon, la question ne se poserait pas car le concessionnaire actuel, la société Kléber Rossillon, y accomplit un travail formidable et attire une fréquentation tout à fait honorable. Quant au Palais Conti, il appartient à l’État ; l’Institut en est l’affectataire. Il a déjà fait l’objet d’importants travaux, comme la restauration de la coupole, mais un plan de rénovation globale et de mise en sécurité s’avère urgent. L’État vient d’accepter le principe d’en financer la moitié : ce plan, chiffré à plus de 20 millions d’euros, se déroulera sur six ans. J’ai pu obtenir que ces questions avancent vite, grâce à la bienveillance de Bruno Le Maire, que je connais bien (il fut mon brillant élève en Khâgne), à l’attention duministère de la Culture et à l’appui du président Macron, notre « protecteur ». Tout le monde semble avoir immédiatement compris l’importance et la nécessité du soutien de l’État. Pour revenir à Chantilly, il y a une question que tout le monde s’est posée, la Fondation pour sa sauvegarde et son développement, prévue pour durer vingt ans, générait elle-même un gros dé!cit de gestion – en moyenne 2 millions par an, soulignait la Cour des comptes dans un rapport de 2015. Comment expliquez-vous cette faille ? Je n’ai pas de jugement à porter sur ce qui s’est passé avant moi, je ne peux ici que redire notre gratitude à S.A. l’Aga Khan. Dans son esprit – il me l’a dit plusieurs fois, puisque nous avons beaucoup échangé – la “Quant au palais Conti, l’État vient d’accepter de !nancer la moitié de sa restauration” Le domaine de Chantilly. © Marc Walter

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