Extrait L'Objet d'Art

22 L’OBJET D’ART FÉVRIER 2021 LES MAYS DE NOTRE-DAME DE PARIS PREMIER MUSÉE DE PEINTURE FRANÇAISE De 1630 à 1707, chaque année au mois de mai, la confrérie des orfèvres parisiens offrait un tableau à la cathédrale Notre-Dame en signe de dévotion à la Vierge. Ces Mays qui constituaient un extraordinaire musée de peinture française furent dispersés à la Révolution, puis mis de côté à l’époque de Viollet-le-Duc ; seuls treize sont toujours conservés dans la cathédrale. L’historienne de l’art Delphine Bastet, qui a consacré sa thèse à cet ensemble insigne, propose aux lecteurs de L’Objet d’Art de le (re)découvrir, avant la publication de ses recherches aux éditions Arthena au printemps prochain. UNE OFFRANDE À LA VIERGE MARIE Le grand tableau peint sur toile que nous appelons May trouve son origine dans la tradition des confrériesmédiévales. La confrérie Sainte- Anne-Saint-Marcel des orfèvres parisiens, attestée dès 1482 mais probablement plus ancienne, réunit une partie des orfèvres de Paris dans l’objectif de rendre à la Vierge Marie des dévotions particulières. Ils disposent pour cela d’une chapelle propre, domiciliée à Notre-Dame et consacrée à sainte Anne (c’est la première chapelle en entrant dans la nef de Notre-Dame du côté du sud), et font chaque année une offrande particulière à la Vierge, au mois de mai, le mois de Marie selon le calendrier liturgique. Lesoriginesdecettedévotion, inscritedans le règlement de laconfrérie, ainsi que ses différentes formes dans le temps, probablement un arbre verdoyant et des poésies, ont été étudiées par Patrick Laharie 1 . Pour la période qui nous intéresse, il est établi que le May se compose à partir de 1482 de l’association d’un poème à la louange de la Vierge (un chant royal), d’une paraphrase rimée de la Bible et de petits tableautins illustratifs, sous forme de panneaux insérés dans une structure de bois hexaèdrique. En 1608, la forme du May se renouvelle : un unique tableau remplace les tableautins, la forme poétique du sonnet fait son apparition accompagné d’un quatrain de louange à la Vierge et un nouveau tabernacle triangulaire est utilisé comme structure portante. À partir de 1620, un poème supplémentaire présente un Vœu à la Vierge pour le roi ou la reine. Les tableaux, de taille relativement modeste (leur hauteur ne dépasse pas 1 mètre), forment au fur et à mesure des années un cycle sur la vie de la Vierge. Le tabernacle est suspendu devant la chapelle de la Vierge dans la partie sud du jubé deNotre-Dame chaque premier mai, présentant ainsi à Marie l’offrande symbolique PEINTURE Fig. 1 Anonyme, La Vue de l’intérieur de Notre-Dame avec le tabernacle dumay . Huile sur toile, 90,8 x 82,8 cm. Paris, musée Carnavalet. ©musée Carnavalet / Roger-Viollet

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