Extrait L'Objet d'Art

Couvert de voyage pliant en argent avec cinq passants pour encastrer la fourchette, Paris, début du XVII e siècle. Gravé en bordure du cuilleron et sur le manche : M.LHUILLIER. Maître orfèvre non identifié I R un compas et un croissant répertorié mais non identifié. Poinçon de maître orfèvre sur le cuilleron. Poids : 39,5 g ; longueur : 15.2 cm. Estimé : 4 000/6 000 € . © Ader Cet étonnant couvert de voyage était certainement vermeillé. Sur le dos du cuilleron cinq passants visibles permettent de fixer les trois dents de la fourchette qui est articulée. Ainsi on obtient un seul objet dont le manche est orné d’une figure masculine. Contrairement à la cuiller qui était utilisée depuis l’Antiquité et dont on connaît plusieurs exemplaires, la fourchette, dont des modèles à deux et trois dents en cuivre furent quelquefois retrouvés lors de fouilles archéologiques, était beaucoup plus rare. Toutefois elle apparaît déjà dans les inventaires au XIV e siècle, mais aucune en argent ne fut conservée, à part ces couverts articulés que les orfèvres appelaient « cuillers servans de cuiller et de fourchette ». Montaigne cite déjà la fourchette peu employée au XVI e siècle et dont l’usage demeure assez rare jusqu’au XVII e siècle. Et puis, elle était considérée comme immorale par le clergé car elle incitait à la gourmandise ! Salière en argent à huit pans dite « à rouleaux », Paris, 1670-1671. Maître orfèvre : Théodore Chastelain, reçu en 1656. Poids : 128,1 g ; hauteur : 5 cm ; diamètre : 7,5 cm. Estimée : 12 000/ 15 000 € . © Ader Cette salière à rouleaux posée sur quatre pieds griffesmaintenant la sphère est prête à recueillir le sel, denrée rare et chère. Les premières salières en argent furent retrouvées dans le célèbre trésor de Pouilly-sur-Meuse (1531-1532). À cette époque, elles étaient montées sur pied, afin d’éviter de gaspiller le sel. Au-delà de la rareté de ce condiment, un impôt était exigé, depuis l’Antiquité. Le sel faisant l’objet d’un monopole royal, en 1350, le nom de gabelle fut réservé à son impôt. La valeur donnée au sel fut sans doute à l’origine des fameuses nefs de table réalisées en orfèvrerie. À partir de 1560, les inventaires parisiens mentionnent des salières carrées, et en 1590, on trouve des salières à griffes, bien que celle-ci soit plus tardive. MARCHÉ DE L’ART 28 L’OBJET D’ART JANVIER 2021

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