Extrait L'Objet d'Art

7 JANVIER 2021 L’OBJET D’ART de matériaux hétérogènes – fil de fer, terre, cire, cailloux... – et, sous l’influence de l’alchimie et de lamagie, sont dotés d’un pouvoir apotro- païque pour conjurer lemauvais sort, tel Image du réel incréé . Portrait de Novalis qui renvoie à la figure de l’écrivain romantique allemand, la poésie demeurant une protection et un refuge essentiels en ces années troubles. À la façon de son Loup-table , invention des années 1930, dans la lignée des ob- jets surréalistes à fonctionnement sym- bolique, il crée de nouvelles chimères dans les années 1940, la Palladiste et le Congloméros . La sculpture Congloméros (1945) représente une créature hybride constituée d’une danse de personnages rattachés à une tête unique. Elle est née d’un dessin datant de 1941. Ces êtres fantastiques sont à rapprocher de la passion de Brauner pour les sciences occultes, le Congloméros renvoyant à la tradition du Golem de la Kabbale juive. Au-delà du surréalisme L’après-guerre correspond à une libé- ration réelle qui resplendit sur les choix plastiques de l’artiste. De retour à Paris – il s’installe dans l’ancien atelier du Douanier Rousseau et retrouve Breton, avec qui il a correspondu. Peinte en 1947, Cérémonie , prêt exceptionnel du fonds de dotation Jean-Jacques et Hopi Lebel, se distingue par son format, l’un des plus grands dans la production de Brauner. Présentée pour la pre- mière fois à l’occasion de l’exposition « Le surréalisme en 1947 » à la galerie Maeght, à Paris, elle transpose un sujet d’actualité, la révolte des jeunes filles à la prison de Fresnes. L’artiste y intègre toujours de multiples références, notamment issues de la cosmogonie aztèque. L’exposition se clôt sur les ultimes séries de Brauner. En 1961, il s’ins- talle dans un atelier près de Varengeville-sur-Mer. Là il réalise le cy- cle des Mythologies et des Fêtes des mères , ainsi que Le bel animal moderne , qui clôt le parcours. Ces œuvres sont habitées par le bes- tiaire propre de Brauner. Le catalogue constitue un remarquable pro- longement de l’exposition, apportant des éclai- rages multiples sur la vie et l’œuvre de Victor Brauner qui déclarait : « Ma peinture est au- tobiographique. J’y raconte ma vie. Ma vie est exemplaire parce qu’elle est universelle... Elle raconte aussi les rêveries primitives dans leur forme et dans leur temps... ». Fanny Drugeon « Victor Brauner, “Je suis le rêve. Je suis l’ins- piration” », prolongée au-delà du 10 janvier 2021 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 11 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris. Tél. 01 53 67 40 00. www.mam.paris.fr Catalogue, éditions Paris Musées, 312 p., 44,90 € . Congloméros , 1945. Plâtre, 180 x 117 x 75 cm. Photo service de presse. © Paris Musées / Musée d’Art Moderne de Paris © Adagp, Paris, 2021 Cérémonie , mai 1947. Huile sur drap de coton rentoilé, 190 x 238 cm. Fonds de dotation Jean-Jacques Lebel et Hopi Lebel. Photo service de presse. © Adagp, Paris 2021 / Jean-Louis Losi Le tableau à quatre pattes , 1965. Les Sables d'Olonne, collection MASC musée d’art moderne et contemporain. Photo service de presse. © Hugo Maertens photographe, Bruges © Adagp, Paris 2021

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