Extrait L'Objet d'Art

37 AVRIL 2020 L’OBJET D’ART semblables mais pas tout à fait identiques, et tenter de percer le mystère de ces deux œuvres, entre por- trait idéalisé d’une jeune femme ou icône de la beauté, proche des images contemporaines des « belle » véni- tiennes, avec dans la version dénudée, une évidente ré- férence à Vénus. Non sans raison, Raphaël a été consi- déré dès son vivant comme le peintre de la « grâce » et de la « vénusté », l’inventeur d’une beauté idéale féminine, pleine de simplicité et de douceur. LES GRANDES COMMANDES L’exposition présente également les grandes com- mandes pontificales passées à l’artiste tout au long de son séjour à Rome, de 1508 à sa mort. De nombreux dessins préparatoires permettent d’évoquer le décor des Chambres du Vatican, ces vastes salles d’appa- rat du souverain pontife. Études de composition, cro- quis de détail, cartons définitifs sont rassemblés, tel l’impressionnant Moïse agenouillé devant le buisson ardent , préparatoire au décor de la voûte de la chambre d’Héliodore conçu vers 1514. Ce dessin montre com- bien l’artiste s’est alors approprié la « terribilità » de Michel-Ange. Tout aussi admirable, le carton pour l’une desMusesdu Parnasse dans la chambrede laSignature, aujourd’hui enmains privées. L’attribution de plusieurs de ces feuilles demeure très discutée, car les années passant, le maître est contraint de déléguer de plus en plus de tâches à ses fidèles assistants, face à l’afflux de commandes. L’exposition se concentre sur la Salle de Constantin, le dernier chantier des Chambres qui fut, selon Vasari, seulement commencé par Raphaël puis achevé par son atelier après sa mort. La récente res- tauration a permis de mieux comprendre les fresques et de clarifier avec plus de pertinence la chronologie des travaux et de préciser l’intervention du maître par rapport à celui de ses élèves. L’exposition aborde égale- ment, à travers des dessins préparatoires, la décoration des Loges , une grande galerie attenante à l’appartement pontifical, où Raphaël a imaginé un décor à l’antique composé d’ornements en stucs et de grotesques, en- cadrant dans chaque voûte des scènes tirées de la Bible. On peut voir aussi Le Sacrifice à Lystre , l’une des pièces de la célèbre tenture des Actes des Apôtres destinée à orner la chapelle Sixtine, commande passée par Léon X vers 1514-1515. Le succès de l’artiste, au-delà de la cour pontificale et de Rome, est évoqué par plusieurs beaux retables réu- nis dans l’exposition, dont la célèbre Sainte Cécile peinte vers 1513-1515 pour une église de Bologne, dans laquelle l’artiste parvient à donner une profondeur psychologique aux protagonistes de cette tradition- nelle sainte conversation. La Grande Sainte Famille de François I er , en- voyée en 1518 à la cour de France et restée au Louvre, est évoquée aussi par plusieurs beaux dessins préparatoires. Les commissaires ont surtout sou- haité démontrer, tout au long de l’exposition, l’importance cruciale de l’art antique dans les créations de Raphaël. Au-delà des nombreuses copies dessinées d’après de cé- lèbres sculptures romaines, on peut découvrir à côté de ses inventions leur possible source antique. Ainsi la Raphaël, Moïse agenouillé devant le buisson ardent , vers 1514. Fusain et rehauts de blanc sur papier. Naples, musée de Capodimonte. Photo service de presse. © Napoli, Museo e Real Bosco di Capodimonte Su conces- sione del Ministero per i Beni e le Attività Culturali e del Turismo – Museo e Real Bosco di Capodimonte Raphaël, Tête de Muse , 1510-1511. Craie noire, traces de stylet et de spolvero sur carton. New York, collection particulière. Photo service de presse. © collection particulière

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