Extrait L'Objet d'Art

21 JANVIER 2020 L’OBJET D’ART Premier tableau d’envergure réalisé par Marguerite Gérard en 1787, avec l’aide de son professeur et beau-frère Jean-Honoré Fragonard, L’Élève intéressante a été dévoilée au grand public lors de l’exposition que Carole Blumenfeld consacrait à la peinture de genre française entre Révolution et Restauration (Toulouse, 2011-2012). L’historienne de l’art a en outre publié l’an dernier la première étude dédiée à cette artiste longtemps demeurée dans l’ombre de son illustre beau-frère. Si la question de la collaboration entre la jeune peintre (elle est âgée de 26 ans) et sonmentor a régu- lièrement été soulevée, on estime désormais que l’auteur du Verrou a contribué à la conception des premiers tableaux de sa protégée tout en y ajoutant quelques détails. Largement diffusée par une gravure de Géraud Vidal, cette délicate scène de genre inspirée par les fijnschilders (« peintres précieux » hollandais) démontre la parfaite maîtrise atteinte par Marguerite Gérard qui rend avecminutie les étoffes et les reflets, les gravures jonchant le sol, deux magots asiatiques posés sur la table ou encore la sculpture conçue par les frères Broche figurant deux amours se disputant un cœur. C’est une estampe d’après la Fontaine d’Amour de Fragonard que tient le modèle (sans doute Anne-Louise Chéreau, issue d’une famille de graveurs et d’éditeurs d’estampes, à laquelle la planche est dédicacée). Réalisée avecmaestria, la boule en acier poli posée au sol renvoie le reflet de quatre personnes : l’artiste assise à son chevalet, Fragonard derrière elle, son épouse Marie-Anne et un homme qui est peut-être le graveur Vidal. Le Louvre, qui possède déjà La Mauvaise nouvelle exécutée une quinzaine d’années plus tard par Gérard, a préempté l'œuvre pour 1 032 500 € (frais inclus) dans la vente de la collection Ribes chez Sotheby’s le 11 décembre dernier, un record pour l’artiste. M. E.-B. www.louvre.fr / www.sothebys.com Marguerite Gérard et Jean-Honoré Fragonard, L’Élève intéressante , 1787. Huile sur toile, 64,6 x 55 cm. Photo service de presse. © Sotheby’s ArtDigital Studio RECORD POUR MARGUERITE GÉRARD LE MUSÉE DE L’ARMÉE ACQUIERT UN LIOTARD Fils d’un fondeur suisse qui révolutionna la fabrication des canons grâce à la mise au point de machines à aléser, Jean II Maritz (1711-1790) connut une fulgurante as- cension. Au service du roi de France, il fit fortune en vendant à la couronne le secret de l’invention paternelle et put ainsi acquérir la seigneurie de La Barollière près de Lyon. Nommé ensuite inspecteur général des fontes et forges de l’artillerie de terre et de mer de France, il reçut en 1755 le titre de baron de La Barollière. Si le modèle est bien connu, l’auteur n’a été identifié que récemment. Il s’agit du Suisse Jean-Étienne Liotard qui réalisa sansdouteceportrait lorsd’unséjour dans lacapi- tale des Gaules, entre 1746 et 1748. Lemusée de l’Armée a préempté ce beau pastel le 7 décembre dernier auprès de la maison de ventes Richard à Villefranche-sur-Saône, pour 68 000 € (sans les frais). M. E.-B. www.musee-armee.fr Jean-Étienne Liotard, Portrait en buste de Jean II Maritz, baron de La Barollière , vers 1746-1748. Pastel sur papier marouflé sur toile, 65 x 49 cm. Photo service de presse. © Photo Maxime Brochier DON D’UNE COIFFEUSE D’EILEEN GRAY AU MAD Les collections du Musée des Arts Décoratifs, qui comprennent notamment deuxmeubles conçus à l’ori- gine pour la villa E-1027, viennent de s’enrichir d’une coiffeuse, elle aussi dessinée pour la célèbre villa de Roquebrune-Cap-Martin (destinée à la chambred’amis du rez-de-chaussée bas). Élégante et fonctionnelle (la designer irlandaise s’inspire du mobilier de cam- ping), cette pièce unique mêlant tubes d’acier et cuir a été donnée par la famille de Robert Rebutato, qui fut l’un des derniers collaborateurs de Le Corbusier et le président de l’association pour la sauvegarde du site Eileen Gray et Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin. Il a activement contribué au sauvetage de cet auda- cieux édifice de 120 m 2 qui fait actuellement l’objet d’une ultime campagne de restau- ration et dont la gestion sera ensuite entièrement confiée au Centre des Monuments Nationaux. M. E.-B. www.madparis.fr Eileen Gray, coiffeuse, vers 1926. Acier, cuir, 84,5 x 53 x 40,3 cm. Photo service de presse. ©MAD Paris / Christophe Dellière

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