Extrait L'Objet d'Art

20 L’OBJET D’ART JANVIER 2020 FONTAINEBLEAU Grâce à son active politique de mécénat, le musée Napoléon I er a fait plusieurs acquisitions importantes cette année, notamment une coupe en porcelaine de Sèvres offerte par l’impératrice Marie-Louise et une huile sur toile à l’effigie de l’Empereur. ÉTRENNES IMPÉRIALES NAPOLÉON PACIFICATEUR DE L’EUROPE Manufacture impériale de Sèvres et Jacques-François Swebach (peintre actif à la manufacture de 1803 à 1813) : Coupe hémisphé- rique et sa soucoupe , 1811. Porcelaine dure. Hauteur de la coupe : 12,5 cm ; diamètre de la soucoupe : 22,2 cm. Œuvre classée « Trésor national à l’étranger », acquise grâce au mécénat d’Aurignac Finance. Château de Fontainebleau, musée Napoléon I er . © DR La composition, savante et solidement construite, offre un sujet d’une grande richesse iconographique. Napoléon vainqueur est présenté comme le pacificateur de l’Europe et le consolidateur du royaume d’Italie à l’occasion de la paix de Presbourg du 26 décembre 1805, accordée à l’Autriche vaincue à Austerlitz le 2 décembre 1805. La scène est astucieusement cantonnée de chaque côté par deux piédestaux, dont les bas-reliefs, le couronnement le 26mai 1805 à Saint-Ambroise deMilan à gauche, et les sacre et couronnement le 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris à droite, renvoient à la double souveraineté de Napoléon, empereur des Français et roi d’Italie. Debout, exactement au centre de la composition, Napoléon est vêtu de l’uniforme blanc et bleu de colonel des grenadiers à pied de la Garde impériale, chaussé de bottes dotées d’éperons, coiffé de son bicorne distinctif à la cocarde tricolore, et arborant étoile et plaque de la Légion d’honneur. Représenté frontalement, il oc- cupe une position axiale entre deux figures féminines. Il pose sa main gauche sur l’épaule de la Paix. Celle-ci, ailée, blonde de chevelure et vêtue d’un manteau pourpre qui découvre en large part sa carnation (non protégée par une armure hors de saison), est campée de profil. À ses pieds s’amoncellent des attributs martiaux posés au sol – heaume, cuirasse, rapière, fusil, désormais inutiles –, mêlés à une palme de la Victoire et à une trompette de la Renommée pour acclamer et célébrer les hauts faits du vainqueur. C’est grâce à l’aide du Souvenir napoléonien ainsi que de quatre mécènes particuliers que le musée a pu acquérir cette œuvre capitale. C. B. www.chateaudefontainebleau.fr Artiste italien, Allégorie de Napoléon vainqueur présentant la Paix à l’Italie , vers 1806. Huile sur toile, 64,4 x 94,3 cm. Château de Fontainebleau, musée Napoléon I er . © DR Sous la direction d’Alexandre Brongniart, la manufacture impériale de Sèvres concevait et fabriquait de somptueux objets livrés en fin d’année aux Tuileries (cf. L’Objet d’Art n° 541, p. 64). Disponibles comme étrennes au choix de l’Empereur, elles passaient formellement par le truchement de l’impératrice incarnant la libéralité. Avec un luxe croissant, Marie-Louise offrit des pièces exceptionnelles à son entourage féminin composant la Maison de l’Impératrice. La comtesse de Montalivet, dame du Palais et épouse du ministre de l’Intérieur, reçut en janvier 1812 une magnifique « coupe à bouillon doublée d’or », ornée de deux scènesminutieusement peintes par Jacques-François Swebach, excellent spécialiste, sur toile comme sur por- celaine, de scènesmilitaires ou de genre. Les deux longs cartels, Apprêts d’une course et Course de chevaux au Champ-de-Mars – où se remarque parmi les spectateurs un chasseur à cheval de la Garde impériale, relevant de la Maison militaire de l’Empereur – s’épanchent en un décor continu, sur une coupe qui affecte la forme d’un trophée remis au vainqueur. Grâce aumécénat d’Aurignac Finance, celle-ci est désormais présentée dans la salle «Marie-Louise, impéra- trice des Français » du musée Napoléon I er . Christophe Beyeler MUSÉES ET PATRIMOINE

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