Extrait L'Objet d'Art

L’élégance du costume militaire Mais ces logiques d’identification et de distinction ne sont pas uniquement liées au pouvoir ; elles ont éga- lement des motivations liées à la personnalité même des soldats qui arborent ces symboles ou ces insignes. Le souci d’émulation, que Napoléon I er résumait par la formule « on devient l’homme de son uniforme », la volonté dematérialiser l’appartenance à une famillemi- litaire ou la simple fantaisie personnelle sont à l’origine de telles manifestations d’ostentation. Les « guerres en dentelles » ou celles de l’Empire, cette époque des beaux uniformes est fertile en démonstra- tions d’élégance. Mais ce souci de l’apparence ne dis- paraît pas au XX e siècle. Si la guerre a changé de visage et impose l’usage de tenues neutres ou camouflées, les combattants, à la mesure de leurs moyens, essaient de « briller en kaki » alors que leurs uniformes ont désormais une dimension plus pratique que sociale. L’image du G.I. de la Libération et plus tard les mouve- ments de la contre-culture contribuent à transformer la garde-robe civile en y imposant le costume militaire. Des stylistes s’en emparent alors et hissent le treillis sur les podiums, opérant une « inversion du prestige » à l’issue de laquelle les tenues de combat, sans appa- rat aucun, deviennent un élément du vocabulaire de la mode et du luxe. De véritables chefs-d’œuvre d’art décoratif Mais le propos de cette exposition n’est pas uniquement historique et anthropologique. Il donne également l’oc- casion au visiteur d’envisager ces objets comme les chefs-d’œuvre d’art décoratif qu’ils sont. Certaines pièces sont ainsi rassemblées dans des séquences spécifiques organisées autour des matériaux ou des techniques utilisées pour la confection d’armes, d’in- signes ou d’uniformes. Pour magnifier ces objets d’ex- ception, la scénographie et l’éclairage mettent par- ticulièrement en valeur certains de ces souvenirs, faisant, là, scintiller les ors et les pierreries, ici chatoyer des étoffes vouées à unemise en scène de soi. Pouvoirs politique et militaire sont étroitement liés. Le roi est un chef de guerre qui participe au com- bat comme le montre la somptueuse armure du Dauphin, futur Henri II. Son ornementation est organisée en bandes verticales déclinant les couleurs d’Henri d’Orléans, fils de François I er , noir et argent. Elle est semée de ses emblèmes personnels ; le monogramme H C , associant l’initiale d’Henri à celle de son épouse Catherine de Médicis, les croissants entrelacés des Valois, des carquois et des arcs « turquoys » à la corde brisée émergent ainsi d’un foisonnant décor de rinceaux enroulés dont le dessin résulte des modèles donnés par Raphaël pour l’embellissement des loges du Vatican. Plus discrets, les deux dauphins affrontés visibles sur le casque et au centre du garde-reins précisent la chro- nologie de cette armure, Henri d’Orléans étant Dauphin après lamort de son frère aîné en1536 et jusqu’en1547, date à laquelle il succède à son père. Malgré la richesse de son décor, cet équipement reste fonctionnel, comme en témoignesonpoids, correspondant auxprotectionsun peu allégées adoptées par les chevau-légers. Forgé aux mesures de cet adolescent encore gauche, aux épaules voûtées, il a peut-être été réalisé vers 1537, au moment où le Dauphin accomplit ses premiers faits d’armes, en Picardie puis en Piémont, sous la férule d’Anne de Mont- morency. Même lorsque le chef de l’État n’apparaît plus sur le champ de bataille et quel que soit le régime en vi- gueur, celui-ci reste le chef des armées. Affirmer la grandeur de l’État Instituée par la Charte constitutionnelle de 1814 vou- lue par Louis XVIII, la Chambre des pairs remplissait la fonction de Chambre haute du Parlement et rassemblait la haute aristocratie du royaume. L'habit de cérémonie Francesco Negroli et ses frères Filippo et Giovan Battista, armure du Dauphin (détail), futur Henri II, Milan (Italie), vers 1536-1547. Fer noirci, damasquiné d’argent, repoussé et doré, 181 x 67 x 41 cm ; Pds 19,700 kg. Paris, musée de l’Armée. Photo service de presse. © Paris – musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émile Cambier Habit, manteau et glaive de cérémonie de pair de France du maréchal de Bourmont, France, 1823-1830. Velours de soie brodé, fourrure d’hermine, soie, fils d’or, fils d’argent, cannetilles, laiton doré, acier bleui, doré, galuchat, nacre, 103 x 49 cm. Paris, musée de l’Armée. © Paris – musée de l’Armée, dist. RMN-Grand Palais / Marie Bour DÉCORATIFS ARTS

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