Extrait L'Objet d'Art

4 L’OBJET D’ART FÉVRIER 2019 RENNES/NANTES ÉLOGE DU SENTIMENT ET DE LA SENSIBILITÉ Organisée simultanément par les musées de Nantes et de Rennes et comprenant 136 peintures françaises du XVIII e siècle issues des collections publiques de Bretagne, l’exposition « Éloge du sentiment et de la sensibilité » se déploie en deux parties indépendantes. La première, à Rennes, présente l’évolution de la peinture d’histoire sous l’angle du sentiment, la seconde, à Nantes, montre le développement de la peinture de genre en regard de la notion de sensibilité. Cet événement s’inscrit dans un partenariat exceptionnel entre Nantes, Rennes, Quimper et Brest. Découvrir des richesses cachées : recherches sur les collections de Bretagne L’exposition permet d’embrasser l’évolution de la peinture française sur un siècle, depuis Antoine Watteau jusqu’au début du XIX e siècle, tout en mettant en valeur une partie des richesses conservées dans les collections publiques de Bretagne. Étonnamment (lorsque l’on voit l’ampleur et la qualité des œuvres réunies), la peinture française du XVIII e siècle n’était pas considérée jusqu’ici parmi les points forts de nos musées. En effet, Rennes est bien plus célèbre pour son extraordinaire ensemble du XVII e siècle ; Nantes pour ses caravagesques, un certain XIX e siècle et l’art contem- porain ; Quimper et Brest principalement pour leurs magnifiques col- lections de l’école de Pont-Aven et de peintures bretonnes. Or la mise en commun de nos collections offre une vue particulièrement riche et complète de la production picturale du Siècle des lumières, avec de nombreuses œuvres peu connues. Les recherches ont permis de dessiner la personnalité singulière de chacun desmusées. Nantes se signale par la variété de ses scènes de genre et en particulier de ses fêtes galantes, avec Watteau et Lancret. Quimper est lemusée des petits formats et des esquisses (Fragonard, Hallé, Brenet), de la touche rapide et fugueuse et des toiles délicates. Le XVIII e siècle à Brest est le reflet d’un véritable goût : celui de peintres d’histoire, redécouverts dans les années 1960-1980 alors que le mu- sée pouvait renaître de ses cendres (Vanloo, Taillasson, Regnault). À Rennes, c’est aussi la peinture d’histoire (Boucher, Vincent, Lagrenée, Suvée), qui domine très largement aux côtés de quelques exceptions, comme les deux Chardin ou les deux Greuze. Pour porter un nouveau regard sur ces tableaux, il a été fait appel à près de quarante historiens de l’art, issus aussi bien dumilieu universitaire que de celui de la conservation. Peindre au Siècle des lumières, éloge du sentiment et de la sensibilité Le partage entre les deux expositions s’appuie sur une opposition ancienne entre deux catégories d’œuvres, partition que les hasards semblent avoir reproduite dans les collections. À Rennes s’expose donc la grande histoire, antique, religieuse et mythologique, celle des commandes les plus prestigieuses, aux codes élevés et littéraires, au cœur des préoccupations de l’Académie. Nantes met à l’honneur les différents genres, du grand portrait d’apparat aux sensibles natures mortes, ceux vers lesquels se portait davantage le goût du public qui se pressait aux Salons, plus proche du quotidien. Depuis l’Antiquité, la peinture d’histoire demeure au sommet de la hié- rarchie des arts, ce que l’Académie royale de peinture et de sculpture entérine aux XVII e et XVIII e siècles. Histoire antique et biblique, épisodes mythologiques, histoire nationale, mettant principalement en scène la figure royale : le beau langage de la peinture d’histoire s’expose dans les plus grands formats et les plus fastueux décors. Les théoriciens ne Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de femme , vers 1787. Huile sur toile, 100 x 80 cm. Quimper, musée des Beaux-Arts. Photo service de presse. ©mba Quimper / photographie : Bernard Galéron EXPOSITIONS

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