Extrait L'Objet d'Art

5 OCTOBRE 2018 L’OBJET D’ART Capitale des arts Si le Seicento est considéré comme une période sombre pour les arts à Venise (voir EOA n°547, pp. 66-73), le Settecento s’impose au contraire comme un siècle brillant et prolifique. Un vaste panorama de la produc- tion picturale est ici dressé. Il suffit de citer le vedutiste Antonio Canal dit Canaletto, le décorateur virtuose Giambattista Tiepolo, Rosalba Carriera dont les délicats portraits au pastel ont séduit l’Europe, ou encore le peintre de mœurs Pietro Longhi pour donner un aperçu de la variété et de la qualité des talents qui s’épanouissent alors dans la Sérénissime. Des artistes sollicités par les princes et les amateurs de toute l’Europe, à l’instar des grands musiciens vénitiens. Soulignons que le parcours consacre à la diaspora des peintres qui sillonnent le continent une belle section, d’autant plus intéressante que l’influence des Vénitiens sur les artistes étrangers est également mise en lumière. On retrouve ainsi le prolifique Giambattista Tiepolo à Cologne, Munich, Dresde puis Würzburg, mais c’est au service de Ferdinand VI d’Espagne qu’il termine ses jours en 1770, après avoir notamment décoré la salle du trône du nouveau palais royal. En France, l’influence des Vénitiens est décisive dans l’évolution de la peinture, et des artistes comme Antoine Watteau, François Lemoyne ou François Boucher retiennent la leçon de ces éminents coloristes. De passage à Paris où elle est assaillie de commandes, Rosalba Carriera (dont on découvre les traits grâce à un autoportrait prêté par la galerie des Offices de Florence) est reçue à l’Académie royale de peinture et de sculpture. C’est également le cas de Sebastiano Ricci et de Gianantonio Pellegrini qui réalise un important décor pour la Banque de France, malheureusement détruit mais dont il subsiste une esquisse. « Éblouissante Venise ! Venise, les arts et l’Europe au XVIII e siècle », jusqu’au 21 janvier 2019 au Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 75 008 Paris. Tél. 01 44 13 17 17. www.grandpalais.fr Catalogue, RMN-Grand Palais, 256 p., 45 € . À lire : L’Objet d’Art hors-série n° 129, 64 p., 9,50 € . À commander sur www.faton.fr Malgré un net repli politique, c’est incontestablement par le biais des arts que Venise brille désormais au-delà de ses frontières. Durant les dernières décennies de son histoire, la République abrite encore de talentueux artistes qui en brossent pour la postérité une vision fantasmée. Aux scènes de genre de Longhi, aux védutes et caprices de Francesco Guardi répondent les séduisantes compositions de Gian- domenico Tiepolo. C’est pour sa propre villa de Zianigo, en Terre Ferme, que ce dernier réalise une admirable série de fresques dont fait partie Polichinelle et les saltimbanques . Myriam Escard-Bugat Bartolomeo Nazari, Portrait de Farinelli , 1734. Huile sur toile, 141 x 117 cm. Londres, Royal College of Music. Photo service de presse © Royal College of Music / ArenaPAL

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