Extrait L'Objet d'Art

4 L’OBJET D’ART OCTOBRE 2018 VENISE VENISE AU SETTECENTO La République de Venise s’essouffle au XVIII e siècle, tant sur le plan économique que politique, mais elle éblouit plus que jamais l’Europe. Au Grand Palais, une foisonnante exposition réunissant quelque 200 peintures, costumes, meubles ou instruments de musique nous invite à découvrir la Sérénissime et ses paradoxes. Conçue par la commissaire Catherine Loisel comme « une invitation à aller à Venise », cette ambitieuse exposition esquisse un portrait de la République de Venise au XVIII e siècle, avant sa chute en 1797. Une invi- tation à explorer la période tourmentée que traverse cette république oligarchique fondée au VII e siècle, et dont l’atypique gouvernement (évoqué par quelques beaux portraits et costumes) lui assure indé- pendance et stabilité relative. Au sommet du pouvoir se trouve le doge, doté de fonctions plus représentatives qu’exécutives. Mais à Venise l’art de paraître n’est-il pas, plus qu’ailleurs, fondamental ? La Venezianità ou l’art de vivre Bien que régie par des lois sévères, la République jadis puissante semble s’étourdir dans les festivités. Non contents de faire durer le carnaval près de sixmois, les Vénitiens comme les voyageurs d’Europe affectionnent les fêtes (religieuses et civiles), les représentations théâtrales, les concerts, les jeux et les divertissements en tous genres. Considéré comme un des pères de la védute, Luca Carlevarijs a plu- sieurs fois immortalisé au début du siècle les entrées d’ambassadeurs étrangers : onadmire dans cette toile aux coloris chatoyants l’arrivée de l’ambassadeur français, le comte de Gergy, devant le palais des doges. Une place de choix est faite à la musique alors omniprésente dans la ville. Aux côtés de portraits de musiciens (outre celui du castrat Farinelli, on peut observer les caricatures de chanteurs croquées par AntonioMaria Zanetti), sont exposés plusieurs instruments demusique et partitions (Vivaldi, Hasse). Meubles rocaille, tasses de la manufacture Vezzi, miroir en verre de Murano, somptueux vêtements agrémentés de dentelles de Burano : l’exposition nous entraîne également dans les fastueux intérieurs, à la découverte de l’art de vivre vénitien. Les familles patriciennes dont la richesse provient désormais plus de la production agricole que du commerce maritime font construire et décorer des villas sur la Terre Ferme. Et si la physionomie de Venise évolue peu au XVIII e siècle, des chantiers d’envergure sont tout demêmemenés tandis que les palais somptueusement aménagés sont ornés de fresques éblouissantes. C’est parfois au sein même de leurs palais que les nobles ouvrent les fameux casini , espaces dédiés au jeu, à la conversation ou à la licence... Luca Carlevarijs, L’Entrée du comte de Gergy, ambassadeur de France à Venise, au Palazzo Ducale le 5 novembre 1726 . Huile sur toile, 46 x 92 cm. Fontainebleau, musée national du château de Fontainebleau, dépôt du département de peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © Photo RMN-Grand Palais (château de Fontainebleau) / Gérard Blot Giandomenico Tiepolo, Polichinelle et les saltimbanques , 1791-1793. Fresque détachée, 196 x 160 cm. Venise, Fondazione Musei Civici di Venezia, Ca’Rezzonico – Museo del Settecento Veneziano. Photo service de presse. © Archivio Fotografico – Fondazione Musei Civici di Venezia EXPOSITIONS

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