Extrait L'Objet d'Art

à la scénographie et aux catalogues ; les clients viennent nous voir aussi pour cela. Par exemple à l’occasion de la vente Camille Claudel, on pouvait observer des queues de visiteurs se former devant l’hôtel Dassault comme pour une exposition au musée d’Orsay. De la même manière, nos ventes de Monaco – avec désormais deux sessions par an – sont très courues pour leur réputation dans le domaine des bijoux et du luxe. En ce qui concerne les voitures de collection, Rétromobile est une référence internationale. Enfin les vacations organisées en duplex de Marrakech en fin d’année ont donné un nouveau souffle à l’art orientaliste. Un collectionneur qui possède une œuvre de Jacques Majorelle sait que son tableau y sera particulièrement bien mis en valeur au sein d’un ensemble cohérent. Qui organise encore aujourd’hui de belles ventes orientalistes à Paris ? Par ailleurs, notre investissement dans le groupe immobilier John Taylor nous offre de nouvelles perspectives en accroissant notre potentiel d’internationalisation. Réalisez-vous également des ventes de gré à gré ? Oui, mais ce n’est pas notre philosophie de la vente qui reste d’abord axée sur la vente publique. Quand on élabore tout un discours pour convaincre le vendeur que son objet sera vendu plus cher grâce au jeu des enchères, il paraît logique de lui proposer une dispersion par ce biais. L’année 2017 a été jalonnée d’un nombre impressionnant de prix record. Est-ce la nouvelle réalité du marché ou seulement le fait de la conjoncture actuelle ? Je pense que cela correspond à une réalité. C’est le sens de l’histoire. Il est rationnel que la rareté et la qualité fassent monter les prix, d’autant plus que le marché s’est mondialisé et touche des acheteurs de tous les horizons. Je ne parle pas bien sûr d’un objet moyen de gamme qui a pu être surpayé en fonction d’une mode. Il y a eu en effet beaucoup de records cette année à Paris, qui a la capacité de s’affirmer comme un lieu de vente international grâce à la libéralisation du marché, au même titre que Londres. Le prix de Grande femme II d’Alberto Giacometti chez Christie’s en est un excellent exemple. Il y a quelques années, elle aurait sans doute été envoyée outre-Manche. Or, il y a une logique historique à vendre un objet dans le lieu où il a été créé. Cela ajoute de la magie à l’événement. Cela signifie-t-il que le marché de l’art va devenir de plus en plus haut de gamme ? Sans doute en ce qui concerne les ventes de spécialités. Il y a des raisons écono- miques et administratives à cela. Je crois que les objets entre 1 000 et 5 000 € n’ont plus leur place à l’hôtel Dassault. Organi- ser des ventes de lots de faible valeur est même une aberration économique. C’est pourquoi il faut développer les ventes on line complètement dématérialisées pour ce type d’objets. On évite ainsi les problèmes de transport, d’assurance ou de casse. Le digital permet d’avoir plusieurs visuels et l’acheteur peut être rassuré via les rap- ports de condition. Actuellement nous avons un calendrier très chargé de 120 ventes par an dont seulement 30 sont sur la toile. Il faut accélérer le processus. Quelles sont vos perspectives pour 2018 ? Nous avons déjà quelques collections en vue. En avril aura lieu une vente événementielle assez amusante... Et, dans quelques jours, Rétromobile s’annonce flamboyant avec une Ferrari estimée entre 50 et 60 M € . n DE PRÉEMPTIONS Les institutions culturelles françaises ont été particulièrement actives cette année dans les ventes aux enchères, ce qui témoigne de la qualité des œuvres proposées et de la volonté de sauvegarder le patrimoine national. On a dénombré 99 préemptions chez Artcurial avec un festival d’acquisitions lors de la vente Camille Claudel qui sont actuellement exposées au musée d’Orsay. Toujours chez Artcurial, le musée d’Orsay et la BnF ont acquis plusieurs lots dans la vente consacrée à l’œuvre photographique d’Émile Zola. Il y a eu 20 préemptions chez Christie’s dont cinq pièces en porcelaine de Meissen par le château de Versailles, deux œuvres sur papier d’Edgar Degas par le musée d’Orsay et un buste en marbre de Jean-Antoine Houdon par le Louvre. Chez Sotheby’s, le bas-relief de Nicolas-Sébastien Adam ainsi qu’une paire de chenets attribuée à Claude-Jean Pitoin ont rejoint les collections du château de Versailles, tandis que La Vierge à l’Enfant entourée d’anges du Maître de Moulins de la collection Bacri était acquise par le musée de Cluny. Drouot n’a pas été en reste avec un record de 234 préemptions exercées par le Louvre, le Centre Pompidou ou encore le musée Cernuschi. UN NOMBRE RECORD Adjugé 467 800 € Camille Claudel (1864- 1943), Étude II pour Sakountala , vers 1886. Terre cuite, H. 21,5 cm. © Artcurial 35 FÉVRIER 2018 L’OBJET D’ART

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