Extrait L'Objet d'Art

« Bourdelle et l’Antique. Une passion moderne », jusqu’au 4 février 2018 au musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris. Tél. 01 49 54 73 73. www.bourdelle.paris.fr Catalogue, Éditions Paris Musées, 232 p., 39,90 € . Torse de Pallas , 1903-1905. Marbre, 99,5 x 37 x 28,5 cm. Paris, musée Bourdelle. Photo service de presse. ©musée Bourdelle / Roger-Viollet Henri Manuel, Le sculpteur Bourdelle dans son atelier avec un modèle , vers 1900. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski morceau de bravoure, Bourdelle a vraisemblablement à l’esprit le fameux Torse duBelvédère . Mais cela ne suffit pas à contenter le sculpteur qui va puiser son ins- piration vers d’autres sources, plus archaïques, plus lointaines, comme cet archer du fronton du petit temple d’Athéna Aphaïa à Egine. Quant à ce visage effilé aux arêtes coupantes, il rappelle singulièrement les fragments de têtes romanes que Bourdelle a admirés et dessinés à Moissac. Les sculpteurs de la génération sui- vante se souviendront, là encore, des leçons du maître de Montau- ban, tel Henri Laurens dont la Musicienne à la harpe (tirage en bronze d’après un plâtre de 1937) évoque irrésistiblement l’arc tendu à son paroxysme par le puissant héros grec. On aurait tort, cependant, de résumer le génie d’Antoine Bourdelle à sa veine triomphante et virile. En témoigne cettemagnifique série de por- traits et d’effigies féminines sur lesquelles plane le souvenir des deux muses de Bourdelle : Stéphanie Van Parys, la première épouse, et Cléo- pâtre Sevastos, l’élève dont le beau visage architecturé aux yeux en amandes obsédera le sculpteur au point qu’il l’immortalisera en 1908 dans un saisissant portrait di- rectement taillé dans la pierre. Il souffle un vent de primitivisme sur cette sculpture aux allures d’idole « barbare ». Une veine qu’exploreront à leur tour deux autres géants du XX e siècle : Amedeo Modigliani et ses Têtes de femmes aux allures de « ca- ryatides africaines », Ossip Zadkine et ses faces zébrées de scarifications... Le parcours de cette foisonnante exposition finit en apothéose par deux chefs-d’œuvre absolus que magnifie la scénographie toute d’ombres et de lumières signée de lamuséographe Cécile Degos. D’un côté, la figureméditative et sensuelle de Pénélope, « colonne charnelle de l’attente » selon les mots inspirés de Jérôme Godeau, prisonnière des plis cannelés de sa frémissante tunique et dont le socle parachève la monumentalité. De l’autre, fragile et sau- vage, Le Centaure mourant de 1914, dont l’hybridation formelle et la troublante sensualité n’excluent en rien la dimension christique. Bérénice Geoffroy-Schneiter Le Centaure mourant , 1914. Plâtre, modèle à grandeur d’exécution, 288 x 80 x 185 cm. Paris, musée Bourdelle. Photo service de presse. © Stéphane Piera / musée Bourdelle / Roger-Viollet 5 DÉCEMBRE 2017 L’OBJET D’ART

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