Histoire de l'Antiquité à nos jours

13 RETOUR AUX SOURCES Ce n’était pas l’armée qui risquait de faire du jeune Corse un héros. La paix ne rend pas le métier militaire aimable. La routine des exercices et la vie de garnison n’étaient guère prodigues en sensations fortes. L’écriture était un refuge contre l’ennui. Par elle, Bonaparte pouvait rejoindre ces contrées lointaines où la vie à grandes guides était encore possible. Et si l’Orient, si prodigue en conquérants, était bien loin, il pouvait se plonger dans l’histoire mouvementée de son île natale. Il entreprit d’en écrire un récit. N’offrait-elle pas une galerie stupéfiante de soldats, de condottieri , d’aventuriers qui avaient, les uns chassés les maîtres de l’île, les autres livré leur patrie aux étrangers ? C’est là, sur la terre de ses ancêtres – elle l’était en tout cas depuis le XVI e siècle où, venant d’Italie, les Buonaparte avaient pris pied à Ajaccio –, qu’il retrouvait les héros surhumains de ses années d’études. La supériorité de la Corse à cet égard, c’est que son histoire n’offrait pas seulement des exemples tirés d’un passé lointain, mais un tout récent : Pascal Paoli, que les Français avaient vaincu et contraint à l’exil en 1769, l’année même de la naissance de Napoléon. Bonaparte a neuf ans et demi lorsqu’il intègre à Bienne-le-Château l’une des douze écoles préparatoires à l’École militaire de Paris. On ne sait presque rien des cinq années qu’il a passées dans ce cadre austère, coupé des siens. Outre les cours de fortification dispensés en fin d’études, il suit des cours de français, latin, mathématiques (pour lesquels il est particulièrement doué), géographie et histoire. Son fort accent et son statut de boursier lui valent moqueries et mépris, mais c’est à Brienne que l’adolescent forge sa personnalité. Sculpture, Paris, Fondation Napoléon © Fondation Napoléon / Thomas Hennocque

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