Histoire de l'Antiquité à nos jours

13 la grotte Gazel à Sallèles-Cabardès et dans l’abri-sous- roche de Font-Juvénal à Conques-sur-Orbiel. Ces sites étaient des grottes bergeries qui ont été occupées épi- sodiquement sur des itinéraires pastoraux dans le cadre d‘un mode de vie encore très mobile. À cette époque, l’essentiel des biens artisanaux utilisés était produit localement et les échanges se réduisaient à quelques haches polies en roches dures ou à quelques objets de parure en coquillages méditerranéens. Les premiers établissements de plein air C’est au cours de la première étape du Néolithique moyen I (4700-4300) que les premiers établissements de plein air ont été édifiés dans les plaines alluviales. Construits en bois et en terre, il n’en reste pas grand chose, si ce n’est quelques fosses comblées. En fonction de leur forme et de leur contenu on identifie, des fours à pierres chauffées qui servaient pour des cuissons indi- rectes au grill ou à l’étouffée grâce à la chaleur accumu- lée dans les pierres. D’autres fosses tronconiques sont des silos souterrains destinés à stocker des semences de céréales d’une année sur l’autre. De telles structures ont été fouillées au Champ du Poste près de la Fajolle à Carcassonne où quelques fosses ont même été réutili- sées pour des sépultures à inhumation dès cette époque (Convertini et al., 2018). Au cours de la seconde étape du Néolithique moyen I (4300-4100), les influences de la culture chasséenne qui s’est constituée en Provence se sont manifestées dans la région. Les mêmes sites ont été occupés selon les mêmes modalités et on note l’apparition de nou- veaux établissements d’ampleur variable. Ils se matéria- lisent par quelques silos à Auriac-golf ou à Prat Mary à Carcassonne ou bien des concentrations dépassant la centaine de fours et de silos sur quelques sites comme celui des Plots à Berriac, qui domine le cours de l’Aude en aval de la ville actuelle. L’économie de ces sites est très clairement agricole et pastorale et transparaît à tra- vers les trouvailles de grains de blés carbonisés, d’os- sements d’animaux d’élevage (bovins, ovins, caprins), et de nombreux outils de broyage et de meunerie. Au cours de la seconde moitié du V e millénaire, le couloir de l’Aude a commencé à constituer une importante voie d’échanges entre la zone méditerranéenne et atlantique. Outre le silex bédoulien originaire du Vaucluse qui tran- sitait sous forme de lames et de gros éclats, on note sur les sites de nombreuses haches polies en roches très 0 3cm 0 3cm Fig. 2-Cette grande hache polie en jadéitite alpine du mont Viso a été trouvée au XIX e siècle dans la commune de Pezens. Elle appartient à un type carnacéen (du nom de Carnac en Bretagne) et correspond à une pièce hautement valorisée qui a d’abord été exportée des Alpes vers la Bretagne. Elle a ensuite été retravaillée dans l’Ouest pour obtenir une forme amincie avec des arêtes faisant ressortir un poli luisant à effet miroir, avant d’être réexpédiée dans le Midi en tant qu’objet précieux. Ce type d’arme de prestige illustre le rôle important de l’axe Aude-Garonne pour les échanges au V e millénaire. Musée de Narbonne. Cliché : © P. Pétrequin. Fig. 3-Cet anneau-disque en serpentinite alpine trouvé dans une tombe à Villarzel-Cabardès est un autre objet précieux importé des Alpes qui jalonne un axe de diffusion de ce genre de bracelet passant par le Midi et allant vers la Bretagne au milieu du V e millénaire. Musée de Carcassonne. Cliché : © P. Pétrequin.

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