Histoire de l'Antiquité à nos jours

9 Le couronnement d’Henri I er Beauclerc (1068-1135), miniature du poème Roman de Brut de Wace, Angleterre, XIV e siècle. © The British Library Board/Leemage. lée par la dynastie angevine, même après qu’en 1204, elle eut perdu la Normandie, Philippe Auguste l’ayant envahie et annexée au domaine royal à l’exception de ses îles. En franchissant la Manche pour de- venir roi dans cette « Bretagne » qui constitue alors le sud de la Grande-Bretagne actuelle, Henri ne s’était pas pour autant défait de ses origines. Il affrontait une situa- tion qui n’était pas sans rappeler celle à laquelle avait été confronté son arrière-grand-père, Guillaume le Conquérant, dont la brillante vic- toire à Hastings en 1066 a souvent occulté dans les mémoires le fait que son règne avait consisté, tant en An- gleterre qu’en France, en vingt ans de luttes incessantes non exemptes de revers sérieux, comme devant le château de Dol en 1076, largement provoqué par l’intervention du roi de France capétien Philippe I er . Ce n’était pas la seule ressemblance avec son ancêtre : tout comme les re- vendications d’Henri II s’appuyaient sur la légitimité du sang, Guillaume de Normandie avait prétendu au trône d’Angleterre au nom de son cousinage avec Édouard leConfesseur, qui l’avait occupé de 1042 à 1066, et auquel avait succédé Harold II, son beau-frère, tombé quelques mois plus tard à Hastings, face à Guillaume. Du comté d’Anjou au trône d’Angleterre Ayant épousé en 1128, à 15 ans, Mathilde l’Emperesse (ainsi nommée car elle était veuve d’Henri V, empereur du Saint-Em- pire), la fille du roi d’Angleterre Henri I er Beauclerc (fils cadet de Guillaume de Normandie), Geoffroy V, comte d’Anjou et du Maine, aurait dû, à la mort de ce dernier, lui succéder. Mais c’était sans compter sur Étienne de Blois, cousin de Mathilde et lui aussi petit-fils de Guillaume le Conquérant par sa mère, éga- lement sœur d’Henri I er . Bien qu’il eût prêté serment de recon- naître sa cousine pour reine, il profita du manque de consensus autour de celle-ci, qu’Henri I er , en outre, n’avait pas clairement désignée pour lui succéder. Étienne de Blois traversa donc la Manche en 1135, fut reconnu pour roi par les habitants de Londres, tandis les barons du du- ché de Normandie, par voie de conséquence, le reconnaissaient pour duc de cette province. Il s’ensuivit une double reconquête, de l’Angleterre par Mathilde et de la Normandie par Geoffroy, qui fut menée avec succès. Après plusieurs années de conflits et de guerre civile, Étienne, en 1153, finit par admettre comme son successeur le fils de Ma- thilde et de Geoffroy, Henri Plantagenêt, auquel il était directe- ment confronté depuis qu’en 1147, ce dernier – fidèle à la tradi- tion familiale, sans doute ! – avait tenté de passer en Angleterre avec des troupes, à 14 ans, mais, quant à lui, vainement. Puis Henri avait épousé Aliénor d’Aquitaine, divorcée du roi de France Louis VII, scellant ainsi une alliance entre les duchés de Normandie et d’Aquitaine : elle avait provoqué l’ire du souve- rain français et un conflit qui avait duré jusqu’à ce que la maladie oblige ce dernier à se retirer en 1153. Cette même année, Henri retourna en Angleterre pour affronter Étienne de Blois qui, mis en difficulté militairement et sous la pression de l’Église, consen- tit à une paix précaire dans le cadre de laquelle il le reconnaissait pour successeur. Sa mort à l’automne 1154, alors que son rival était retourné en Normandie, précipita les choses : Henri fut couronné avec Aliénor à Westminster le 19 décembre de cette même année, sous le nom d’Henri II Plantagenêt. Si un certain nombre de barons lui prêtèrent allégeance, rivaux et ennemis ne lui manquaient pas, fragilisant son pouvoir au len- demain d’une longue guerre civile déjà ruineuse pour la stabilité du royaume. Parmi eux, le roi d’Écosse et les seigneurs gallois qui avaient profité de cette guerre pour accroître leurs posses- sions au détriment du domaine royal ; il fut bientôt contraint de restituer des territoires qu’il leur avait repris et de fortifier sa frontière septentrionale. D’emblée, la tâche s’avérait difficile…

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