Histoire de l'Antiquité à nos jours

8 Par Bertrand Borie Le mode de légitimation que semblent avoir entrepris les premiers Plantagenêts s’inscrivit dans une démarche en soi séculaire : celle consistant à se présenter comme les descendants d’un héros « national » élevé au rang de mythe. Alexandre le Grand descendait d’Achille et d’Hercule, Jules César d’Énée. Pour un Breton, l’équivalent ne pouvait être qu’Arthur, chef de guerre défenseur, au VIe siècle, des Bretons d’Outre-Manche contre les Saxons, pacificateur et unificateur avec la fondation de la Table ronde… Le couronnement du roi Arthur. Miniature du poème Roman de Brut , de Wace (vers 1100 – entre 1174 et 1183), Angleterre, XIV e siècle. © The British Library Board/Leemage. De la réalité à la légende Mais déjà, avec les derniers mots, nous avons franchi la distance qui sé- pare la réalité de la légende. Car s’il se peut que le roi Arthur appartienne à la première, bien que son existence his- torique ne soit pas indiscutablement attestée, la Table ronde, ses idéaux et son monde, eux, appartiennent à la seconde : c’est de l’espace qui les sépare que s’est nourrie l’entreprise politique conduite par Henri II et ses successeurs, soucieux de s’imposer à l’hostilité des Gallois face à leur im- périalisme, pour bâtir leur légitimité face à une autre : celle des Capétiens – rivalité qui aboutira, en 1337, sous le règne d’Édouard III, septième roi Plantagenêt, au déclenchement de la guerre de Cent Ans. En effet, lorsque Henri II arriva sur le trône en 1154, quoique son ascen- dance le justifiât pleinement, il était loin d’être, pour beaucoup, le souve- rain légitime de l’Angleterre, appelé de droit à régner. Pour commencer, il était français, parlait français, et c’est cette langue qui fut pour un temps par- LES PLANTAGENÊTS CONSTITUTIONDE LADYNASTIE

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