Histoire de l'Antiquité à nos jours

Un chef d’œuvre collectif 18 Ci-contre. Représentation du domaine de Vaux- le-Vicomte avant l’aménagement des jardins. L’emplacement du château et des principales parcelles des jardins est matérialisé par des pointillés. Dessin C. Bordier En bas. Représentation du domaine de Vaux- le-Vicomte après l’aménagement des jardins. Dessin C. Bordier. Page de droite. Vue en transparence depuis le Grand Salon de l’axe principal des jardins menant jusqu’à la copie de l’Hercule Farnèse centré au fond. Cliché C. Bordier Un maître d’ouvrage ambitieux Les décès successifs de son père en 1640 puis de son épouse en 1641 apportent au jeune Nicolas Foucquet une dot consi- dérable qui lui permet d’acquérir petit à petit de nombreuses terres adjacentes à celles d’un vieux château hérité de son père. Les acquisitions dureront 18 années de 1641 à 1658. Une par- tie importante acquise dès les premières années 1640 permet d’esquisser déjà un projet global sur lequel les trois maîtres d’œuvres vont débuter leurs réflexions. Première tâche : créer une pépinière puis détourner une rivière. Voilà qui informe sur les premières intentions et montre, même si le projet n’est pas encore bien défini, qu’il est possible d’en saisir l’ampleur. Toute- fois, personne ne pourrait citer, parmi ces visionnaires, lequel fût l’auteur de ce préambule à tous travaux. Car Vaux-le-Vicomte est assurément une œuvre commune conçue à quatre, Fouquet ayant eu le rôle stratégique de motiver et d’orienter ses maîtres d’œuvre. Il ne voulait que du neuf et n’hésitera pas à faire raser le vieux château. Il est primordial de saisir le tracé régulateur du projet qui dictera tous les aménagements, jardins et bâtiments, aucun de ceux là ne pouvant être dissocié de l’autre. Ici, la fusion est totale. Le site intégralement réinventé À partir d’une rivière quasi rectiligne orientée est-ouest, l’Anqueil, l’équipe imagine une perpendiculaire nord-sud pour en faire la colonne vertébrale, l’axe majeur de tout le projet et permettre un quadrillage sur l’ensemble des aména- gements. Géométrie oblige, cette trame prend aussi naissance par l’application des règles antiques du nombre d’or qui s’y décline. C’est aussi évidemment le résultat d’une analyse pointilleuse du site naturel, de ses orientations, ses dénivelés, ses res- sources naturelles, et de son potentiel en termes de travaux généraux. C’est aussi, déjà, la preuve d’une vision ambitieuse pour réinventer le modelé d’un site. Les terres descendaient certes lentement vers l’Anqueil mais de façon biaise. Tout le génie des concepteurs tient dans la déci- sion de modifier cette pente et de choisir l’orientation nord-sud comme dominante. Savante scénographie Chaque espace s’inscrit dans ce tracé. Les perpendiculaires à l’axe majeur rythment la disposition des aménagements : le château et ses dépendances, les parterres et les bassins. Tous ces éléments contribuent à créer une dynamique d’ensemble pour canaliser les regards vers le sud, suivant le grand axe. Dans cette savante mise en scène, jardins et bâti sont étonnamment liés. Les nouvelles sciences de l’optique dictée par Descartes et la géométrie perspective trouvent ici leur plus belle application pour renforcer le miracle de Vaux-le-Vicomte. La première perpendiculaire est la route au nord du domaine par laquelle le visiteur découvre Vaux. Au premier plan : une grande nouveauté. Non plus un mur aveugle qui dissimule la propriété, mais une dentelle de ferronnerie : des grilles et por- tiques sur 90 mètres de long permettent de saisir d’emblée l’ampleur du domaine.

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