Histoire de l'Antiquité à nos jours

17 N icolas Fouquet, lors de son procès, déclare à propos de Vaux le Vicomte : « C’est une terre où je voulais laisser quelques marques de mon estat ». Voilà une belle définition de ce qui est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux chef-d’œuvre du XVII e siècle. Or ce chef-d’œuvre dépasse de toute évidence le seul domaine de l’architecture, des jardins ou même de la décoration. Vaux-le- Vicomte est un tout indissociable. Tout comme son comman- ditaire, personnalité complexe, éprise de statuaire antique, de livres rares et de jardins, de sciences toutes réunies, de comédie et de plantes exotiques, demédailles, de poésie et d’architecture. Fouquet charge ses trois maîtres d’œuvre d’inventer tout ce qui « pourrait servir à l’embellissement d’un lieu aussi beau ». C’est en ces termes que l’architecte Louis Le Vau, le décorateur Charles Le Brun et le jardinier André Le Nôtre vont créer au milieu du XVII e siècle le palais de l’allégorie, appelé à devenir le socle de toute l’architecture française des grandes demeures jusqu’aux prémices du XX e siècle. Cette œuvre commune fournira aussi toute la grammaire du jardin à la française qui sera déclinée ailleurs au gré des édifices qu’ils accompagnent. Car gardons à l’esprit que c’est à Vaux-le- Vicomte que naît le jardin à la française, avant Versailles conçu par le même trio. Rarement une œuvre ex nihilo connut dès son éclosion un tel succès. C’est d’emblée un chef-d’œuvre. Or cette nouveauté absolue est imprégnée de la personnalité de son commanditaire, ses passions, ses curiosités mais aussi son panache et son histoire personnelle. Cyril Bordier, architecte DPLG Le domaine de Vaux-le-Vicomte concentre des innovations tant architecturales que décoratives ou dans la conception des jardins, pourtant, ce qui saute aux yeux ici, c’est l’harmonie du tout. C’est que château et jardin se répondent, conçus dans un même mouvement par trois créateurs exceptionnels et un commanditaire qui ne l’était pas moins. Vue aérienne du château et du jardin à la française. © Vaux-le-Vicomte 2017.