Histoire de l'Antiquité à nos jours

36 L a jeune fille a donc complété son instruction par la lecture. Si Rousseau l’a fascinée, d’autres philosophes ont su aussi la captiver : Chateaubriand à travers le Génie du christianisme , mais également Aristote, Condillac, Montesquieu, Blaise Pascal, Jean de La Bruyère, Montaigne, Francis Bacon, John Locke, Leibniz, ainsi que les poètes Virgile, Alexander Pope, JohnMilton, Dante, et William Shakespeare. Pour le meilleur et pour le pire, le goût des livres ne la quittera plus. Quand elle aura commencé à écrire avec le « petit Jules », elle ne s’arrêtera plus. Des quatre grands et illustres raconteurs du siècle, Hugo, Balzac, Dumas et elle, c’est peut-être elle la plus prolifique. Elle n’écrira ni philosophie ni poésie. Elle fera du journalisme et de la politique, dénonçant les malheurs de son temps dont elle a été témoin et lançant des idées pour y remédier. Mais d’abord elle sera une raconteuse, avant tout de la vie des femmes et de leurs relations difficiles avec les hommes. C’est déjà le sujet du livre écrit avec le (oudumoins en compagniedu) « petit Jules » (signé J. Sand), Rose et Blanche (deux femmes pour un seul titre). C’est celui de son premier livre signé George Sand, venu aussitôt après, Indiana , qui la révélera au public et lui assurera la célébrité. C’est celui de l’ouvrage qui sui- vra, Valentine , également un succès. C’est évidemment celui de Lélia , dont lemauvais accueil par le public la consternera mais ne l’abattra pas ; Venise lui ayant rendu le goût de l’écriture, si tant est qu’elle l’avait un moment perdu. La jeune Aurore a pris le goût des livres auprès de sa grand-mère à Nohant. Avant d’écrire elle a beaucoup lu. Elle apprend et retient avec une étonnante facilité. Marie-Aurore de Saxe lui a fait découvrir Jean-Jacques Rousseau et sa Profession de foi du vicaire savoyard , une œuvre qui a ému cette voltairienne pur jus et qui va servir d’évangile au siècle suivant, où son déisme exalté va se trouver en concurrence avec l’athéisme militant des saint-simoniens. Érik Egnell La raconteuse inépuisable Cabinet de travail de George Sand, au premier étage de la maison de George Sand à Nohant-Vic, vue du bureau et de la bibliothèque. L’écrivaine aménage ce cabinet de travail sur l’emplacement de l’ancienne chambre du compositeur Chopin quelque temps après leur séparation. Photo : Eunostos (2017) / CC BY-SA 4.0. Couverture de Rose et Blanche ou La comédienne et la religieuse (Tome 4) signé J. Sand, novembre 1831. BnF, Paris. Domaine public. Couverture d’ Indiana de George Sand, illustré par Tony Johannot et Maurice Sand, 1861. BnF, Paris. Domaine public. G eorge S and DOSSIER

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