Histoire de l'Antiquité à nos jours

Titre courant 28 Comme on le voit sur une nouvelle lecture des Écritures – Ancien et surtout Nouveau Testament –, ils ont bâti un système ecclésial s’inspirant du modèle des Églises primitives telles qu’ils les percevaient aux XII e et XIII e  siècles, un système nourri des débats et des commentaires qu’ils produisaient dans leurs écoles de théologie. On en connaît au moins une à Servian près de Béziers en Occitanie au début du XIII e  siècle. Partout où ils le pouvaient, ils portaient leur message de salut. Les croyants et les auditeurs des bourgades et des villes méridionales l’appelaient «  l’entendement du Bien ». Une dissidence religieuse inépuisable objet de controverses C’est cette description du catharisme comme une dissidence religieuse et intellectuelle qui est aujourd’hui parfois violemment remise en question. Jusqu’aux années 2000, l’idée que le phénomène cathare s’inscrivait pleinement dans l’univers chrétienmédiéval, qu’il se caractérisait par la clarté de son édifice ecclésiastique inspiré par le modèle des Églises primitives, qu’il avait développé ses propres rituels, sa liturgie et ses mythes semblait s’être imposée. Bien sûr, il pouvait exister, selon les historiens, des variations dans l’interprétation des sources soumises à des analyses de plus en plus critiques. Avec toutes les précautions requises, il était spécifiéque l’usagedumot « cathare» relevait plutôt de la convention que de la réalité historique. On se montrait sceptique sur le modèle décrit d’un phénomène unifié ou sur l’origine longtemps supposée orientale au catharisme. Les relations entre cathares et bogomiles orientaux étaient aussi reconsidérées. Loin d’apparaître central dans la dissidence, le dualisme apparaissait plutôt comme l’aboutissement de la réflexion de certains théologiens cathares, une réflexion sur la question du Mal, une évolution de leur lecture du Nouveau Testament et des divers mythes chrétiens de la Création. On cherchait aussi des explications sociales et politiques à l’essor du catharisme dans certaines couches de la société méridionale. Mais jamais on n’avait jusque-là cherché à nier et réfuter leur existence en tant que dissidence religieuse. C’est pourtant sous cet angle que le catharisme est aujourd’hui remis en cause et que l’on a vu récemment la presse se faire l’écho de thèse stipulant qu’il ne serait au mieux qu’une idée reçue, au pire un édifice imaginaire construit par plusieurs générations d’historiens, d’historiennes, et de théologiens. Ces critiques énoncées de manière spectaculaire et parfois sentencieuse reposent sur plusieurs biais de lecture et d’abord sur celui qui consiste à ne plus vouloir placer l’étude du catharisme dans le domaine de l’histoire religieuse mais uniquement de l’histoire sociale, jusqu’au point de proposer «  d’écrire une nouvelle histoire du christianisme médiéval, de l’hérésie et de la religion, sans le catharisme  » (Mark G. Pegg). Avec cet a priori , toute relecture des documents de l’Inquisition ne donne effectivement plus à voir une dissidence religieuse et ses rites, mais des pratiques sociales inhérentes à la société courtoise. On réduirait ainsi le terme « Bons hommes » à une Château de Quéribus (Aude). Bien avant la reconstruction de la citadelle capétienne visible aujourd’hui, le site a servi de dernier refuge aux Bons hommes et aux Bonnes femmes de l’Église cathare du Razès ; l’évêque cathare Benoît de Termes y meurt vers 1241. Photo © Franc Bardou.

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