Histoire de l'Antiquité à nos jours

21 Outre ses interventions en faveur des jeunes, saint Nicolas s’im- posa comme un personnage de fort tempérament, luttant contre lesdémonset allant jusqu’àdétruiredesespropresmains le temple d’Artémis deMyre.Mais il s’illustra aussi commeunpèrenourricier lors d’une famine en 311 et 312. Trois bateaux venant d’Alexandrie et chargés de céréales à destination de la cour de Constantinople accostèrent un jour à Andriaque. Nicolas parlementa avec les capi- taines et obtint suffisamment de grain pour nourrir la population affamée endisant qu’il réglerait le problème avec les autorités de la capitale. Les navires reprirent leur route et arrivèrent àdestination mais leur cargaison était équivalente à celle de l’aller, car le grain s’était miraculeusement multiplié. Nicolasmourut vers 335, un6décembrequi sera désormais le jour de sa principale fête. Il n’a pas été inhumé dans sa cathédrale, mais à quelques kilomètres à l’extérieur de la ville, sur la route menant à Andriaque, dans un secteur réservé aux sépultures de martyrs. Une basilique a été érigée sur sa tombe : elle est mentionnée dans les textes dès 530, ce que confirment les fouilles menées par des archéologues allemands entre 1964 et 1971. Chaque 6 décembre s’y tenait le synode des évêques de Lycie. Une communauté de moines y entretenaient l’église, célébrant les offices et accueil- lant les pèlerins venus se recueillir sur les restes mortels de saint Nicolas et obtenir de l’huile – appelée manne ou myron – réputée miraculeuse, qui s’en échappait : des prospections archéologiques ont révélé près du sanctuaire la présence de nombreux fragments d’ampoules (sous forme de fioles de poteries) destinées à empor- ter de l’huile. Mais la basilique fut victime des aléas de l’histoire : en 808, Chumid, chef des armées du calife abbasside Haroun al-Ra- chid, s’empara de la ville. Il tenta sans succès de voler les reliques du saint et détruisit l’église. Celle-ci fut reconstruite. Toutefois la ville subit à nouveau des assauts, au milieu du IX e siècle, et encore en 1034, lorsque que les Sarrasins dévastèrent la région. Peu après, en 1042, l’empereur Constantin IX et son épouse Zoé firent rebâtir une nouvelle fois l’église. Mais la Lycie passa en 1080 sous le contrôle des Seldjoucides qui ne furent repoussés qu’en 1097 lors de la première croisade. La basilique érigée sur la tombe de saint Nicolas qui s’enlisait sous les alluvions n’était alors plus des- servie que par quelques rares moines et était pratiquement déser- tée par la communauté chrétienne terrorisée. Saint Nicolas et les trois officiers, Saint Nicolas arrêtant le bourreau. Peinture de Janez Ljubljanski (XV e siècle), 1443. Galerie nationale de Slovénie. Domaine public. Saint Nicolas et le chargement de grain ; Saint Nicolas et le miracle de la tempête. Bas-relief de l’église Saint-Nicolas de Lesachtal, en Autriche. Photo : octobre 2011. Domaine public.

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