Extrait Dossier de l'Art

44 / DOSSIERS DE L’ART 304 À partir de la fin du XVIII e siècle, la poésie, la musique, la danse et les arts plastiques sont consi- dérés comme des disciplines sœurs ayant une essence commune. On s’interroge bientôt pour savoir si l’art peut avoir une valeur en soi ou s’il doit également avoir une fonction édifiante, morale voire militante. Et, en dépit de leur essence commune, chaque forme d’art doit-elle ou non rester fidèle à sa propre nature ? S’il était naturel pour les artistes de l’Ancien Régime de mettre en scène, conformé- ment à l’ Ut pictura poesis d’Horace, les personnages et les récits majeurs (religieux, mythologiques et politiques) que la poésie et la prose s’attachaient à décrire, la peinture d’histoire est remise en question au cours du XIX e siècle, tandis que pour les artistes progressistes qui se situent dans la mouvance du réalisme, le simple « montrer » devient une fin en soi. En quête de nouveaux récits Dans un premier temps, des peintres d’histoire comme Mathieu Van Bree (1773-1839), Gustaf Wappers (1803-1874), Nicaise De Keyser (1813-1887) ou Louis Gallait (1810-1887) cherchent dans l’histoire et l’histoire de l’art européenne et « nationale » des sujets nouveaux, de préférence dramatiques. Pieter l’Ermite, Godefroy de Bouillon, Charles Quint, les comtes d’Egmont et de Hoorn, les archiducs Albert et Isabelle, mais encore Jan Van Eyck, Hans Memling ou Pierre Paul Rubens deviennent les nouveaux héros. Le premier gouvernement belge mis en place n Léon Spilliaert, Autoportrait , 1907 (?) Aquarelle sur papier, 66 x 50 cm LE XIX e , siècle de bouleversements Au fil de la collection du XIX e siècle, le KMSKA est en mesure de rendre compte des changements structurels profonds qui, amorcés au siècle précédent, bouleversent la hiérarchie des sujets et des genres. Avec la naissance et les développements du réalisme en peinture et en sculp- ture s’ouvre définitivement la voie de la modernité. PAR HERWIG TODTS

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