Extrait Dossier de l'Art

DOSSIERS DE L’ART 304 / 27 Rubens demeure, par excellence, l’incarnation de l’apogée de la tradition picturale anversoise au XVII e siècle. Issu d’une famille de bonne souche anversoise, le futur maître ne vit pourtant pas le jour au bord de l’Escaut mais en terre alle- mande, à Siegen (Westphalie). Soupçonné de sympathie pour le protestantisme, son père, Jan Rubens, avait quitté Anvers où sévissait la répression de la puissance espagnole pour entrer au service d’un prince protestant de premier plan, Guillaume d’Orange-Nassau dit le Taciturne. Les choses prirent un tour surprenant. Devenu l’amant de la femme du prince, ce juriste distingué fut jeté en prison pour être finalement libéré en 1573. La famille Rubens demeura quelques années à Siegen avant de s’établir à Cologne. C’est dans ces circonstances que Pierre Paul vit le jour en 1577 (imagine-t-on débuts plus romanesques – et plus difficiles – pour le futur prince des peintres et pour l’un des plus éloquents apologues du catholicisme ?). À défaut d’y être né, Rubens marqua pour Anvers (où il fut reçu maître à la guilde des peintres en 1598 après avoir été formé par le paysagiste Tobias Verhaecht et par un artiste aussi instruit que rébarbatif, Otto Van Veen dit Venius) une prédilection qui ne devait s’achever qu’avec sa mort. Devenu peintre des archi- ducs Albert et Isabelle de Habsbourg après un long séjour ita- lien (1600-1608) qui le révéla à lui-même, Rubens choisit de s’établir à Anvers plutôt qu’à la cour de Bruxelles. C’est depuis la cité scaldienne, dont il deviendra l’un des citoyens les plus illustres, qu’il mènera une carrière d’ampleur européenne, diri- geant, depuis une demeure quasi palatiale, l’un des ateliers les plus productifs et les plus efficaces du siècle. Rubens et Anvers sont étroitement identifiés l’un à l’autre. En proposant un compendium de l’art, notamment sacré, de ce peintre superlatif, le Musée royal des beaux-arts ne permet, certes pas, d’appréhender l’universalité du génie rubénien, mais il offre une occasion de mesurer la grandeur de sa contribution fondamentale à l’histoire de la peinture européenne. PAR ALEXIS MERLE DU BOURG n Pierre Paul Rubens (et Antoine Van Dyck ?), Épitaphe de Jan Michielsen et de son épouse Maria Maes ( Déploration du Christ mort encadrée, à gauche, d’une Madone à l’Enfant et, à droite, de Saint Jean l’Évangéliste ), 1618 Huile sur panneau, 138 x 178 cm (l’ensemble)

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