Extrait Dossier de l'Art

DOSSIERS DE L’ART 303 / 65 difficile. Pour être agréé, le sculpteur devait présenter aux académiciens son morceau d’agrément, généralement en plâtre ou en terre cuite. S’il était accepté, il était alors autorisé à exécuter en marbre son morceau de réception, statuette d’un tiers de gran- deur nature. Parfois désigné par le directeur de l’Académie, le sujet, souvent mythologique ou historique, devait être traité de manière à ce que le sculpteur démontre son irréprochable maîtrise technique et son sens de la composition, des proportions du corps humain, de l’art du drapé et enfin du sentiment. Saisis à la Révolution, ces mor- ceaux de réception sont pour la plupart conservés au musée du Louvre et offrent un saisissant panorama de la sculpture française des XVII e et XVIII e siècles. Dès son agrément, l’artiste devenait « sculpteur du roi » et, ainsi, pouvait recevoir des commandes royales et exposer au Salon. Suspendue en 1704, la tenue du Salon au Louvre reprit à partir de 1738 et favorisa la naissance de la critique. Les premières années du règne : héritage et innovations Pour les sculpteurs, la mort de Louis XIV en 1715 sonna la fin d’une époque marquée par d’innombrables com- mandes destinées à l’embellissement des résidences royales de Versailles et de Marly. Toutefois, sous la Régence, les grands maîtres continuèrent à diffuser cet art de la détente qui avait caractérisé les dernières années du règne précédent. Ainsi, passé au service de Philippe V d’Espagne entre 1721 et 1738, René Frémin orna les jar- dins royaux de La Granja, vers Madrid, de sculptures aussi délicates que celles qu’il avait autrefois livrées pour Marly ou Trianon. Antoine Coysevox, quant à lui, n’hésita pas à infléchir son style classicisant des années 1680 vers une grâce plus maniériste. En témoigne Louis XV à l’âge de 5 ans , portrait royal en buste où la majesté du modèle est comme tempérée par une approche tout en sensibilité. Respectivement achevés par Nicolas et Guillaume I er Coustou en 1731, Louis XV en Jupiter et Marie Leszczynska en Junon marquèrent les derniers feux du por- trait historié en sculpture. Commandées par le duc d’Antin, directeur des Bâtiments du roi, ces statues aux drapés enlevés et aux poses maniérées sacrifient au style rocaille alors en vogue. À eux seuls, les deux frères artistes illustrent la vitalité de n Edme Bouchardon, L’Amour se taillant un arc dans la massue d’Hercule , 1740-50 . Marbre, H. 173 ; L. 75 ; P. 75 cm. Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, dist. RMN – H. Lewandowski

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